Rencontre tardive entre les deux monstres sacrés du cinéma suédois, Sonate d'automne marque également le retour d'Ingmar à ce qui fit la quintessence de son art, un cinéma épuré, sorte de théâtre filmé sondant l'âme de ses personnages.
Drame psychologique d'une grande dureté, "Höstsonaten" est avant tout la confrontation entre une fille adulte, Eva (Liv Ullman) et sa mère, Charlotte (Ingrid Bergman), musicienne célèbre et égocentrée,
Comme il le fera plus ouvertement dans Fanny et Alexandre, Ingmar traite à rebours les traumatismes refoulés de l'enfance et leurs conséquences sur la construction de la personnalité. Eva, est une femme mûre, mariée à un pasteur, mais c'est également un être blessé, une femme sans assurance, enfermée dans ses névroses. Tout à sa joie de revoir sa mère, elle va dans un premier temps oublier ses rancoeurs, pour exprimer enfin tout son amour à cette femme distante que le temps a peut-être adoucie. Mais, la nuit venue et l'alcool aidant à lever les inhibitions , Eva va s'affranchir du passé et exprimer à Charlotte tout son ressentiment, dans une conversation d'une intensité et d'une cruauté redoutables.
Ce face à face, cet affrontement est mis en scène de façon magistrale, les deux actrices sont incroyables de justesse. Le personnage de Liv Ullman, effacée jusqu'alors prend de la consistance, se libère pour exprimer tout son ressentiment. Filmée en gros plan tout au long de la scène, elle est magnifique dans ses regards dans ses émotions. A l'inverse, Charlotte si assurée au début, se tasse, se délite, sombre même devant le déluge des vérités qui lui sont assénées. Cadrée en gros plans également, Ingrid Bergman tient indiscutablement l'un de ses plus grands rôles.
On pourra simplement regretter le développement parfois inutile des intrigues secondaires qui rajoute exagérément au "pathos" ce dont le film n'avait pas nécessairement besoin.