Commençons par le commencement : j'ai envie de mourir
Maintenant qu'on a joué la carte faquin, rentrons dans le sujet. Sonate d'automne est à l'image de l'interprétation d'un prélude de Chopin, c'est la confrontation entre la sentimentale devenue adulte trop tôt et la virile restée enfant. D'ailleurs tout le film et la rancune sont construits autour de ce prélude, autant dissonant qu'harmonieux. Les deux femmes s'aiment, c'est évident. Mais de cet amour jaillit une haine profonde de la fille pour sa mère et de l’incompréhension de la mère vers sa fille. Reste alors au milieu de cet échiquier une autre fille, qui elle débordera d'amour malgré un corps a l'agonie.
Le film propose d'ailleurs une interprétation visuelle extrêmement intéressante. En n'utilisant que des teintes automnales (jaune, orange, rouge,...), Bergman représente l'absolue fin de la relation (automne = fin d'année) et l'impossibilité d'une réconciliation, du moins du cote de la mère. De ce fait, lorsque Eva partira sur la tombe de son fils, les couleurs basculeront dans des teintes hivernales, tandis que la mère, en partance pour Paris, restera dans des teintes rouges et jaunes. Par ce biais, on nous montrera que la fille projettera son suicide tandis que la mère éclipsera totalement la rencontre.
C'est d'ailleurs le seul instant où pour moi Bergman prend parti dans son récit.
Mais en dehors de la photographie, des dialogues et de la réalisation (tjrs terriblement maitrisée), le cinéaste va s'appuyer énormément sur son duo d'actrices pour pousser à son maximum la maitrise émotionnelle. Ingrid Bergman et Liv Ullman arrivent encore une fois à se transcender et se fondre dans ces personnages triste, tiraillés,... vrais
Je n'arriverai probablement pas à traiter tout les thèmes abordés dans Sonate D'Automne; le film est extrêmement riche. Je pense juste que c'est la porte d'entrée parfaite pour le cinéma de Bergman et que Juste La fin du Monde, même si j'aime bien ce film, fait vraiment pale figure à coté de ce monument.
J'ai presque envie de le relancer, ça ne m'avait pas fait ça depuis le Miroir