Yakuzas tranquilles

Il était plus que temps que je me mette à Kitano...
Sonatine, c'est un univers à part. Un monde un peu flou de yakuzas tranquilles, un univers qui ne semble pas exister ailleurs.
Nos personnages pactisent avec le diable, se mettent en danger, tuent, meurent...
Et pourtant, le film dégage une sensation étrangement tranquille. Kitano met presque plus l'emphase sur les instants de vie quotidienne que sur les passages qui font réellement avancer l'intrigue. Parce que l'intrigue finalement, elle est mineure. Sonatine, c'est un film de vacances entre amis, et s'il plane une si étrange ambiance, c'est que malgré leurs sourires et leurs balades sur la plage, ces amis sont en danger de mort permanent ; des cadavres souriants.
C'est beau tout simplement. En quelques images, en quelques séquences, voilà qu'on s'identifie à ces froids tueurs qui deviennent tout à coup chaleureux. Et si Delon a critiqué le manque d'expressivité de Kitano, eh bien on ne peut que constater que ça rajoute encore plus de charme à ce conte violent.
Kitano erre à travers son film, sans sembler se soucier de ce qui va arriver ensuite. Il semble savoir pertinemment que chacun d'entre eux va mourir, et il semble l'avoir accepté dans un sourire tranquille.
Sonatine, ce n'est peut-être rien d'autre que l'histoire d'une amitié avec la mort qui est devenue si intense qu'on n'en a plus peur.

J'ai hâte de voir Hanabi et le reste de Kitano...