Eh ben, qui l’eut cru quand même ? Qu’avec la réputation des adaptations de jeu vidéo au cinéma, ainsi que la controverse du design initial de Sonic… Que les films Sonic aient été finalement plutôt appréciés, et qu’on est on est rendu avec une trilogie de films Sonic au cinéma.
Le premier Sonic, fût une bonne petite surprise. Ça ne révolutionnait absolument rien, et ça ne dépasse pas le road-trip hollywoodien pour enfants, avec Sonic et le shérif Tom Wachowski en route pour San Francisco, mais il était surtout intéressant par le traitement de ses personnages, et comment ils se complètent, et aussi comment la simple notion de déplacement fût amenée.
Le second, malheureusement pour moi fut plutôt décevant. Celui-ci promettait plus d'aventure, mais malheureusement, le tout fut beaucoup trop survolé pour avoir quelque chose d’attachant. Et les humains, on ne savait vraiment pas quoi faire avec, et quand on est avec eux, c’est comme si on avait passé à tout autre film.
Cette fois-ci, ce troisième, il avait quand même beaucoup sur les épaules, non seulement parce qu’il adapte Sonic Adventure 2, le jeu très apprécié des joueurs et mordus de Sonic, mais aussi, Super Mario Bros. est passé par-là. Une œuvre très, peut-être même trop fidèle au jeu vidéo adapté, alors que Sonic faisait son truc hollywoodien un peu éloigné des jeux.
Alors qu’est-ce qui se passe dans le film, cette fois, Sonic et ses amis, Tails et Knuckles sont appelés en mission par le GUN, organisation militaire gouvernementale, pour tenter de contrer Shadow, une menace extra-terrestre très similaire à Sonic, en apparence et aussi en termes de pouvoir, donc une force surnaturelle qui mène nos héros à former une alliance avec leur ennemi de toujours, Dr. Robotnik, les menant de plus en plus vers une situation beaucoup plus grande qu’ils ne l’auraient cru… En bref, Sonic rencontre son jumeau maléfique, et de même pour Robotnik, avec son grand-père Gérald!
Voilà pour ce qui est du scénario de ce film. Bien standard, ce n’est pas une grande œuvre, une épopée, et le film souffre encore de quelques maladresses d’assemblage, et de ton, mais il possède cette fois-ci une meilleure maitrise de sa narration. Il manque un peu finesse, et on aimerait bien avoir une aventure plus inoubliable avec le hérisson bleu, et certains moments tombent un peu dans l’excès, mais heureusement rien qui part à la dérive et perd le fil du récit.
C’est un film qui peut être décortiqué par ses trois actes assez distingués, trois niveaux en quelque sorte. Rencontre avec Shadow, récupération d’un objet important, d’un McGuffin (qui sort un peu trop soudainement) comme on dit, puis décompte final et résolution des arcs établis.
S’il y a une chose qui vient caractériser ce film, et qui prend l’affiche, c’est le nouveau rival, Shadow le hérisson, personnage très apprécié des jeux. Un rival digne de ce nom, aussi rapide et puissant que Sonic, mais celui-ci entouré de colère et ténèbres, dont le film ne se gêne pas d’être un peu plus violent, plus sombre et un peu plus serein. Ce qui est le bienvenu. Là ou précédemment, les histoires importantes, dont celle de Knuckles était un peu comme un cheveu sur la soupe, comme si on devait éviter de distraire de l’action. Là cette fois, l’histoire est l’action. Bien que Shadow lui-même n’est en fait qu’un pion. C’est d’ailleurs un peu pour ça qu’il est parfois au second plan, laissant la place non seulement à Robotnik, mais aussi à son grand-père et créateur de Shadow, Gérald, tous deux interprétés par Jim Carrey, qui lui, au-delà de son jeu dans la folie habituelle, arrive à donner une certaine nuance plus humaine et sympathique au docteur qu’il n’avait auparavant, au point de se requestionner sur ses propres actions. Même si on a tendance à retomber dans ses habitudes de one-man show, parfois un peu trop. En général du Jim Carrey faisant du Jim Carrey.
D’ailleurs, la plupart des personnages humains, à part Robotnik, Tom et Maddie qui ont quand même leur rôle à jouer, ne sont que des figurants. Et honnêtement, c’est une bonne chose. C’est un film Sonic, l’aventure doit être sur lui, ainsi que ses ennemis et leur raison d’être, et c’est le cas. C’est l’histoire de Sonic, Shadow, et les Robotnik.
Comme Sonic, Shadow est un extra-terrestre qu’on a retrouvé sur terre. Mais qui lui fût privé de sa liberté, enfermé dans un laboratoire pour être étudié et testé comme une expérience. Et ses seuls contacts humains et chaleureux furent avec la jeune Maria, la petite-fille du professeur Gérald Robotnik. Et comme Sonic, les gens ont pris peur à ses pouvoirs surpuissants et dans une tentative de s’évader, Marie a perdu la vie lors d’un accident, et Shadow fût mis sous hibernation depuis plus de 50 ans. Et quand il ressort aujourd’hui, il est pourchassé, pris pour un monstre avant d’être repris sous la main de son créateur, Gérald Robotnik, grand-père du docteur qu’on a connu dans les précédents films. Gérald, qui lui aussi atteint de la perte de sa petite-fille, ne fait au final en fait qu’exploiter sa création, sa colère, sa confusion et ses pouvoirs, similaires à ceux de Sonic, ainsi que l’admiration de son petit-fils, dans le seul but de mener à termes ses objectifs de non pas régner, mais de détruire la planète toute entière. Pris de haine, Gérald fait de son entourage que ses vulgaires pions, par simple désir de vengeance.
Et c’est là que vient l’importance du choix, des chemins que l’on choisit de suivre. Car peu importe ce qui nous arrive, des évènements tristes, de grandes pertes, on a toujours choix du chemin que l’on prend, un chemin de vengeance et de colère, ou un chemin vers la bonté, qui peut aider d’autres à passer au travers de la leur.
Mais au delà de toute cette philosophie, comme on est dans un film pour enfants produit à Hollywood, on sait un peu de quoi on peut s’attendre : Des références à la culture populaire, des chansons pop (qui cette fois est un peu de trop, surtout par rapport à la variété musicale que les jeux possèdent), des moments plutôt enfantins placés au travers le scénario, sans oublier évidemment de l’action plutôt palpitante, des poursuites et des effets spéciaux, d’une mise en scène plus alléchante et tape à l’œil que l’ont été les deux films précédents, qui eux ressemblaient plus à du téléfilm. Et aussi un rythme plutôt rapide.
Surtout dans le premier acte, dieu que c’est bref, et assez rapide. Ça avance à une vitesse grand V, ça donne l’information de manière plutôt adéquate, mais ça va pas plus loin que ça, la scène est faite, basta, on passe à l’autre. On rencontre qui il faut, on raconte ce qu'il faut sans aller plus loin ou divaguer ni approfondir, ce qui vient parfois laisser certaines coquilles, comme on ne comprend pas vraiment pourquoi l’armée soudainement perd confiance en Sonic ou pourquoi un personnage porterait sur lui un objet aussi important, qu'on explore dans le second acte.
Hélas, un peu comme son prédécesseur, le film souffre d’un problème majeur du deuxième acte, c’est-à-dire, une séquence à Londres, dans le QG du GUN. C’est mieux que ce qu’on a eu dans le précédent film, avec le dance battle et le truc à Hawaii avec les deux dames (dont la belle-sœur insupportable), mais ça reste un peu en accord avec le fil conducteur du film, mais malheureusement pas assez pour que ça s’accorde avec le reste. Déjà, le fait que Shadow y soit majoritairement absent vient un peu jouer contre le film, étant donné qu’il est le point central de l’intrigue, le côté sombre de Sonic, l’arme de Gérald qui le mène à repêcher son petit-fils, son absence se fait ressentir. On est toujours dans cette thématique et dans le sujet de l’histoire quand l’acte fini, mais ce changement se sent.
Et tout ça pour une cartouche, pour mettre en marche la station spatiale de Robotnik. Ce qui n’est pas très captivant comme MacGuffin. Il aurait peut-être mieux valu faire de la station spatiale le MacGuffin recherché, et garder un rôle actif pour les méchants plutôt qu'une danse folle de Jim Carrey en double. Passer le contrôle du scénario de Shadow à une cartouche, ce n'était pas la meilleure idée. Et en plus, ce n’est pas esthétique, que ce soit pour Sonic en soit ou pour un film tout court, tel un Mission Impossible avec Tom Cruise, surtout les trois derniers réalisés par Christopher McQuarrie, mais sans la même finesse, méthode de mise en scène et coordination de montage qui nous maintient en suspense constant. Ces films où même un simple saut en parachute était un évènement à frissons. Là, on ne fait qu’entrer pour rechercher notre objet, sans grande implication. Par exemple une séquence au laser avec Jim Carrey en double, qui hélas manque de dynamique et aurait bénéficier d'un meilleur rythme. Ça reste plus en accord avec le récit que le second film, mais il manque une touche pour le rendre plus en accord avec le tout et mieux mener vers son final, qui lui envoie tout pour le mieux et apporte une clôture parfaite à ce qu’il fut mis en avant au départ.
Puis, le personnage de Gérald Robotnik, bien qu'il apporte l'intéressante dynamique de famille et de vengeance venant corrompre toute morale humain, il apporte malheureusement trop peu en termes d'actions pour justifier sa toute présence. On voit dans le second acte entier que lui ou Robotnik aurait pu récupérer leur MacGuffin tout seul. Et si on se fie au jeu d'origine, Sonic Adventure 2, l'histoire aurait peut-être aussi pu se dérouler sans lui. Ivo Robotnik aurait pu découvrir les travaux de son grand-père, ce qu’il a créé et être celui qui rentre dans le système libérer Shadow (portant toujours la philosophie vengeresse de Gérald) et mener une vengeance qui atteint des points plus dangereux qu’il aurait cru, dépassant ses croyances.
Il semblerait que Jeff Fowler a encore un peu de mal à avoir un fil conducteur qui se suive dans un film entier, et ce, sans dériver. Regardez des films comme Le Robot Sauvage sorti récemment, il apporte en effets plusieurs sujets différents, mais avait toujours pour se suivre son sujet du rôle de la machine dans un monde forestier. Mais ça ne veut pas dire que ce qu’il fait n’est pas bon, parce que ce qu’il raconte, il l’aborde bien !
Et j’ai envie de dire, en termes de fidélité au jeu adapté, on devait un peu s’y attendre avec les deux précédents films, mais à part la présence de Gérald Robotnik, ainsi que de Shadow et son histoire à lui, c’est un peu limité à des clins d’œil. Beaucoup de moments clés et certains personnages de ce jeu sont donc absents, avec raison, mais cette absence se fait un peu ressentir. Donc si vous êtes très fan de ce jeu en particulier, je ne pense pas que ce film vous convaincra. Et surtout, si vous êtes surtout fan de Sonic à l’époque des années 90, où tout était monde rocambolesque, haut en couleurs, sans humains ni grandes villes.
Donc malgré ses maladresses, Sonic le Hérisson 3 s’avère être un petit divertissement pour conclure l’année. Un bon petit film d’action visant le public général et on y vit une bonne aventure qui regroupe des poursuites souvent excitantes, du plaisir bon-enfant avec de bonnes réflexions. Mais il est clair quand même qu'il nous laisse un peu sur notre faim avec ce qu'il mets en place, et que cela aurait pu être mieux, et on aurait peut-être préféré une vraie épopée, un film tout en animation dans une aventure plus sincère, propre à l’univers adapté et unique en soi, plutôt que de rester dans le trop traditionnel, avancer au-delà de ça.