Un an à peine après la sortie de son premier film en tant que réalisateur ("Bluebird"), le romancier et scénariste Jérémie Guez enchaîne avec un deuxième long-métrage, tourné en langue anglaise avec des acteurs hollywoodiens.
Avec cette adaptation d'un roman de Pete Dexter, mêlant film de gangsters et tragédie familiale, on ne peut pas dire que Guez joue la carte de l'originalité, choisissant d'investir un genre déjà surexploité - dominé par les standards de James Gray (on pense aussi souvent au "Blood Ties" de Guillaume Canet, scénarisé par... Gray, dans lequel Schoenaerts tenait déjà un rôle secondaire).
Dans ce registre très conventionnel, "Sons of Philadelphia" parvient heureusement à se distinguer par son format court, sa tonalité intimiste et son interprétation habitée.
Guez parvient en effet à réunir une belle distribution autour du belge Matthias Schoenaerts (le film a bénéficié de fonds en provenance du plat pays), son héros massif et taciturne.
On retrouve notamment Joel Kinnaman, un comédien que j'apprécie, dans la peau d'un mafieux irlandais pervers et instable, ainsi que la blonde Maika Monroe qui incarne la pureté et l'espoir dans ce monde de brutes épaisses - Paul Schneider et Ryan Philippe complétant avantageusement le casting.
Sans jamais surprendre, "Sons of Philadelphia" se laisse donc suivre avec un certain intérêt, porté par la mise en scène appliquée de Jérémie Guez (même si le choix d'une structure en flashbacks apparaît parfois contre-productive).
Se pose aussi la question de l'attrait du réalisateur pour cet univers de petites frappes (que l'on retrouve également dans ses romans), ces personnages assez minables n'étant pas forcément dignes d'une telle fascination.