Sorry to Bother You par Kroakkroqgar

Le titre de l’œuvre donne le ton : 'Sorry to Bother You' veut déranger. Déranger notre mode de pensée par son propos anti-capitaliste assumé, mais aussi déranger les codes cinématographiques des nombreux genres auxquels on peut le rattacher Et le réalisateur Boots Riley réussit son Coup.

Fable moderne, pamphlet anti-capitalistique, portrait des classes populaires américaines, comédie absurde rappelant Quentin Dupieux, science-fiction horrifique de série B, film d'animation pour enfant, satyre des médias : le premier film du musicien réalisateur est un patchwork haut en couleur. L'œuvre fourmille d'idées remarquables, autant dans la mise en scène que dans le récit : Cassius Green qui s'invite chez les gens qu'il appelle, l'ingénieuse transformation du mobilier dans l'appartement de Cassius, le buzz excessif de la canette de soda, la crispante manager 2.0 Diana DeBauchery tout juste sortie d'une école de commerce, et plus encore. Non seulement on ne s'ennuie pas, mais l'ensemble parvient à être cohérent dans sa dénonciation du système capitaliste. Et le parcours de Cassius Green, aussi loufoque soit-il, n'exprime qu'une chose : on ne s'enrichit jamais qu'au détriment des autres.

Il y a évidemment quelques idées plus questionnables (l'étrange accoutrement de Mr _, la performance artistique de Detroit), mais la qualité du casting et l'excellente bande-originale de The Coup font vite oublier ces défauts.