Il y a toujours chez François Ozon une manière de filmer ses personnages, de les aimer, de les comprendre, qui nous touche sincèrement et durablement. « Sous le sable » ne fait pas exception à la règle, cette étrange histoire d'obsession et d'auto-persuasion dégageant quelque chose de fort, voire d'assez dérangeant. C'est d'ailleurs pour cela qu'on s'identifie un minimum à cette femme très particulière, subtil équilibre entre abnégation totale et profonde fragilité. Alors c'est sûr : certains seront plus sensibles que d'autres à ces élucubrations parfois vraiment particulières, si bien qu'on se dit parfois que c'est un peu trop.
De plus, ce côté « on idéalise à 500% un homme qui n'a pourtant pas l'air si exceptionnel que cela » a parfois ses limites, même si l'héroïne n'est évidemment pas la première le faire. Reste que l'on y croit la plupart du temps, le mérite en revenant aussi à Charlotte Rampling, impérial dans un rôle compliqué et légèrement ambigu. Jolie utilisation enfin des personnages secondaires, présents sans non plus encombrer le récit d'une femme par définition seule... Bref, pas le meilleur Ozon, mais comme toujours chez le cinéaste un regard profond et subtil, faisant de « Sous le sable » une œuvre digne d'intérêt.