Soyez sympas, rembobinez par DrunkenBastard
Premier film de Michel Gondry à me décevoir. Tout en le trouvant réjouissant, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'on pouvait espérer mille fois mieux. Surtout après le palmarès de films fous tellement supérieurs qui le précèdent. Human Nature, Eternal Sunshine, La science des rêves... autant de bijoux à la cheville desquels ce dernier long-métrage ne peut même pas se hisser.
J'ai eu l'impression d'un film bac-à-sable pour Gondry, dans lequel une idée de départ est prétexte à toute sorte d'expérimentations filmiques sans grande envergure pour le spectateur. Jack Black est fidèle à lui même, mais le script ne lui permet pas de crever l'écran. Mos Def, ben... c'est Mos Def, ni plus ni moins. Il joue juste, mais son rôle n'est pas bien périlleux. Pour le reste du casting, on a Danny Glover, apercu de temps à autres dans des scènes où il joue mieux que dans Saw, ce qui n'était pas difficile (quoique, vu son talent équivoque c'était pas forcément gagné d'avance). Que dire de l'happy-end nullissime, si ce n'est qu'il transpire la culture hollywoodienne par tous les pores. "Rien de plus normal puisqu'il rend hommage à cette culture", m'objectera t-on. Mais compte tenu de l'avarice de la mise en scène à rendre un hommage décent (qui reste évident pour ce qui est des sketchs d'Eric Black et Ramzy Def) et des écarts minables du réal en ce qui concerne la conclusion, j'ai grand peine valider cette intention de départ.
La passion pour le septième Art, il faut savoir la retranscrire avec justesse, et s'il s'agit d'un postulat de départ on finit par se demander si cette flamme n'est en fait pas illusoire. Les personnages sont "sincères", mais ils ne m'ont clairement pas ému tant ils pataugent dans la faiblesse d'un script dedié tout entier aux bouts de ficelles, de celles qu'il leur faut sans cesse réunir pour monter leurs "sweded movies". Alors c'est frais, oui, et ça se regarde plutôt bien. Mais c'est assez creux aussi.
Il ressort également de ce film une volonté d'honorer la mémoire, et cela passera par un amas de valeurs typiquement américaines qui finiront par rassembler toute la communauté du quartier dans une seule rue. Au secours le symbole nauséabond. A vouloir toucher des sujets plus complexes, Gondry perd pied et s'enfonce dans un excès de naiveté qui déssert son propos. Mais finalement, dans ce film Gondry nous parle surtout de lui, de sa manière de percevoir la matière et sa faculté à la faire se mouvoir. Le problème étant qu'il n'a pas de recul sur lui-même, et qu'une initiative de ce genre vaut surtout si elle est purement authentique et spontanée. Les trompe-l'oeil de carton-pâte finissent par n'avoir plus aucune saveur à la longue. Le scénario s'échine à insuffler une prétendue dimension sociologique en toile de fond des conneries de Black et Def, à laquelle le film aurait mérité d'échapper.