« I don't know how to work as a team. » SPIDER-MAN

Le troisième film Spider-Man du Marvel Cinematic Universe (MCU) tisse une toile complexe au sein de la phase 4. Bien qu’il arrive en tant que quatrième film de cette phase, il est indéniable qu’il sera la véritable araignée maîtresse qui amorce The Multiverse Saga. En effet, ses prédécesseurs : Black Widow, Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings, et Eternals, n’ont laissé que des fils isolés, sans parvenir à ancrer une véritable direction narrative pour cette nouvelle ère du MCU. Ici, l’objectif est clair : entrelacer les univers parallèles pour créer un nid interconnecté d’histoires.

Toute la toile promotionnelle repose sur une question brûlante : les interprètes de Spider-Man (tous !) : Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland vont-ils réellement se réunir à l’écran pour tisser ensemble un récit multiversel ? Cette intrigue a servi de fil conducteur, attirant les fans comme des insectes vers une lumière irrésistible. Ce choix marketing audacieux, quoique risqué, s’est avéré être une réussite. En exploitant la nostalgie et les souvenirs des fans des sagas précédentes, le film s’est imposé comme une toile géante où chaque spectateur espérait voir réunis ces figures mythiques. Le multivers devient ici l’équivalent des fils d’une araignée, chaque brin promettant une connexion entre des mondes qui semblaient jusqu’alors distincts.

Du côté de la production, l’équipe technique reste inchangée. Jon Watts, déjà à la tête des deux premiers volets, conserve son poste de réalisateur, tandis que Chris McKenna et Erik Sommers continuent à tisser les fils narratifs en tant que scénaristes. Quant à Michael Giacchino, il revient avec une partition musicale destinée à accompagner les acrobaties spectaculaires et les moments d’émotion.

Cependant, soyons honnêtes : dans une œuvre aussi massive et attendue, l’attention du public ne se fixe guère sur les techniciens. La présence des trois Spider-Man sur un même écran domine largement les débats.

Lorsque Spider-Man : No Way Home sort enfin à la fin de 2021, le public reçoit sa réponse avec une clarté limpide. Le film ne se contente pas de confirmer les spéculations sur la réunion des trois Spider-Man, il les entrelace dans une toile d’émotions et de moments grandioses.

Les événements reprennent immédiatement après la révélation explosive de l’identité de Spider-Man à la fin de Spider-Man : Far From Home. Ce bouleversement met fin à la période d’insouciance de Peter Parker, et avec elle, à l’ambiance de teen movie qui caractérisait les deux premiers volets. Exit le lycée et ses figures secondaires comme Flash, Betty Brant, ou les professeurs Harrington et Dell. Ces personnages sont laissés dans une toile abandonnée, une mue nécessaire pour faire évoluer la franchise. Ce changement de ton marque un passage à l’âge adulte pour Peter. Les fils légers et humoristiques des films précédents se transforment ici en une trame plus sombre et complexe, où l’innocence est sacrifiée pour donner à l’intrigue une profondeur dramatique.

Zendaya et Jacob Batalon, en tant que MJ et Ned, conservent leur place dans l’univers de Peter. Pourtant, leur intégration dans ce récit plus mature semble parfois forcée, comme si leurs personnages étaient accrochés à cette nouvelle toile narrative par obligation. Malgré cela, ils jouent un rôle crucial en tant que soutiens émotionnels. MJ reste le cœur romantique de Peter, tandis que Ned incarne une ancre d’amitié qui humanise encore le super-héros. Leur présence, bien que parfois maladroitement justifiée, est indispensable pour maintenir une connexion avec les films précédents.

Dans sa quête désespérée de revenir en arrière sur son identité, Peter se tourne vers Doctor Strange. Benedict Cumberbatch et Benedict Wong reprennent leurs rôles avec charisme, tandis que Charlie Cox fait une apparition en Daredevil (celui de NETFLIX), un clin d’œil apprécié. Cependant, l’élément perturbateur qui déclenche le chaos du multivers, le sort raté de Doctor Strange, semble bien léger au regard des enjeux titanesques qu’il engendre. Cette faiblesse narrative, comparable à un fil de soie trop fin pour supporter le poids de la toile qu’il soutient, est néanmoins acceptée par le spectateur. Après tout, elle ouvre la porte à l’événement tant attendu : la réunion des trois Spider-Man.

Le retour de Tobey Maguire et Andrew Garfield aux côtés de Tom Holland est un pur régal. Tobey, en Spider-Man expérimenté et accompli, incarne une sagesse tranquille. Son rôle est moins étoffé, mais il agit comme un guide bienveillant pour ses jeunes homologues. À l’inverse, Andrew Garfield bénéficie d’une véritable réhabilitation narrative. Les blessures laissées par la mort de Gwen Stacy sont abordées avec une sincérité touchante, permettant au personnage de soigner ses traumatismes. Cette rédemption donne envie de revoir Garfield dans son propre univers. Cette réunion symbolise une toile générationnelle, unissant les fils disparates des précédentes sagas pour tisser un moment unique dans l’histoire du cinéma de super-héros.

La mort de Tante May, toujours jouée par Marisa Tomei, marque un tournant décisif pour le Peter Parker du MCU. Son sacrifice donne enfin à ce Spider-Man sa tragédie iconique, celle qui a manqué jusque-là dans son parcours (si on omet celle de Iron Man). Contrairement aux versions de Maguire et Garfield, ce Peter n’a jamais vécu la perte de son Oncle Ben à l’écran. La mort de May comble ce vide, ancrant définitivement le personnage dans la tradition des Spider-Man marqués par la douleur et la culpabilité. Les deux autres Spider-Man jouent ici un rôle crucial en aidant Peter à surmonter son chagrin, partageant leur propre expérience de perte. Cette solidarité arachnéenne est à la fois poignante et cathartique, soulignant la force émotionnelle du film.

Le retour des cinq vilains emblématiques apporte son lot de nostalgie. Willem Dafoe en Green Goblin, Alfred Molina en Dr. Octopus, Thomas Haden Church en Sandman, Rhys Ifans en Lizard et Jamie Foxx en Electro reprennent leurs rôles avec brio. Cependant, leurs arcs narratifs restent assez superficiels. Ils ne sont là que pour poser une menace insurmontable pour le Peter Parker du MCU, justifiant ainsi l’intervention des autres Spider-Man. Malgré leur rôle limité, leur présence ravive des souvenirs puissants pour les fans. Willem Dafoe se démarque particulièrement, offrant une performance glaçante qui rappelle pourquoi son Green Goblin est l’un des meilleurs antagonistes de l’histoire de Spider-Man.

Spider-Man : No Way Home s’impose comme une œuvre ambitieuse, à la fois hommage et tournant majeur dans l’histoire du personnage. En réunissant trois générations de Spider-Man et en explorant les thèmes de la perte, du sacrifice et de la rédemption, le film tisse une toile riche en émotions et en nostalgie. Malgré quelques faiblesses narratives, il parvient à équilibrer spectacle grandiose et moments intimes, offrant ainsi une expérience cinématographique qui restera gravée dans l’histoire des films de super-héros. Une réussite qui marque un jalon important pour le MCU, pour The Multiverse Saga et pour l’héritage arachnéen de Spider-Man. 

StevenBen
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le 8 janv. 2025

Steven Benard

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