On n’y croyait plus, mais Shyamalan l’a accompli. Le réalisateur de Sixième Sens et Incassable revient à l’inspiration de ses débuts en construisant un scénario miracle servi aux oignons : finition d’écriture et confection artistique confinent au pur bijou du cinéma à suspense. L’auteur, produit astucieux des années « twists », cette fameuse décennie 90 ne perd pas son souffle en court de film et achève un thriller sinueux, torturé et paranoïaque, sur le thème des personnalités multiples d’un personnage fracturé, à l’image d’une réalisation qui ne manque pas de scinder ses images de façon bluffante...
James McAvoy, possédé, cultive en lui les voix, plus d’une vingtaine, alignant les tics et les tons variés pour un jeu protéiforme qui le relance dans la course des grands de ce siècle, aux côté de Michael Fassbender et de Tom Hardy. Dans ce sinistre récit d’enlèvement d’adolescentes, qui peut évoquer aussi les ruptures du réel d’Un silence des Agneaux, le huis clos souterrain, en terres inconnues, est jouissif. Férocement acharné à nous dissimuler là où il veut nous mener, le réalisateur de Signes et Le Village brouille les pistes psychologiques, convoque les travestissements d’un Hitchcock (Psychose), l’excentricité maligne d’un Danny Boyle (Split cultive ses ressemblances avec Trance, qui était interprété par le même McAvoy), pour finalement exhorter les genres qui s’entrechoquent jusqu’à un final paroxysmique, proche du survival sanglant, qui aurait (presque) pu convier l’apocalypse, et un rebondissement de situation tellement énorme qu’il réinscrit le film dans l’histoire !!!