Critique rédigée en novembre 2016
Que viens-je donc de voir? Un oiseau? Un avion? Non... C'est Stalker, film culte d'Andreï Tarkovski ! Reconnu comme étant l'un des plus grands films russes, je ne pouvais y (re)passer à côté, sachant qu'à l'époque moi et ce genre de films... Ca faisait deux !
Sorti chez nous en 1979, ce film long de 163 minutes nous fait suivre 3 personnages dont on ne connait pas les noms ; l'un est écrivain, l'un est professeur et l'autre est le Stalker, un guideur d'hommes pour les mener à une zone pour leur faire exaucer les vœux qu'ils souhaitent ; après avoir pénétrer dans la zone interdite, ils rentreront dans une chambre mystérieuse et c'est en gros là ou angoisse, doutes et fatigue vont mener à bout les personnages.
D'abord, on constate dès le début que le film est très, très lent (ce qui m'avait rebuté d'ailleurs à l'époque) alors que tous ceux qui n'ont jamais vus le film ne s'attendent pas à beaucoup de dynamisme : non, ici c'est métaphysique et contemplatif, Tarkovski y présente des plans très soignés et esthétiquement magnifiques. Il prend son temps pour nous montrer une histoire qui parait pourtant simple et jouant avant tout sur chacune des réactions des personnages
(crainte et potentiel danger de voir son désir exaucé avant d'entrer dans la Chambre, disparition du charriot menant à la Zone représentant l'allée sans retour possible ou encore désespoir de devoir accomplir son devoir y sont évoqués),
qui sont ici tous deux réunis à cause de leur devoir
(sauver ses enfants malades pour le stalker, être inspiré pour l'écrivain et faire une grande découverte pour le professeur)
et nous fait surtout poser des questions sur eux. Chacun doit avoir vu le film pour se forger son propre point de vue. Ensuite, les dialogues qui constituent 3/4 de la bande-son du film sont eux-aussi très simples mais au message complexe et remplis de sens philosophiques. Je trouve aussi la scène finale très belle en ce que le miracle, sans cesse annoncé par le film,
n'intervient finalement pas dans la chambre des désirs mais via la gamine, qui fait bouger le verre
Les miracles (donc une forme d'espoir) seraient possibles pour ceux qui y croient. L'autre bande-son du film, la musique envoûtante d'Edward Artemiev (entre autre Meditation) qui colle parfaitement aux émotions des personnages et renforce le côté sombre des décors, très froids (ça fait limite penser à du noir et blanc momentanément). Par contre, ce n'est pas un film super accessible, moi-même je n'ai pas compris certaines scènes, comme les scènes oniriques qui sont assez abstraites. Le genre de film culte, space et inaccessible qu'il faut voir pour se forger son propre opinion.