Il y a quelque chose de magique dans Stalker. Un aspect qui dépasse le cinéma traditionnel, qui détruit puis reconstruit les limites déjà banalisées du Septième Art.
Andreï Tarkovski, qui adapte ici une nouvelle des frères Strougatski (qu'il me tarde de découvrir), choisit, non de convaincre son spectateur, mais de lui montrer. Essayer de lui faire prendre conscience, librement, sans imposer quoique ce soit. Stalker aurait pu être un film très prétentieux, tant les thèmes qu'il embrasse sont vastes et d'une profondeur rare. Mais le résultat final baigne dans une sobriété apaisante, Tarkovski emmène son spectateur à lui-même, une sorte de métaphysique.
Métaphysique car, à mon avis, Stalker exploite bon nombre de sentiments humains : l'abandon, la compétition, le désir, la peur, la mort, l'espoir. Arriver à leurs origines, comprendre le pourquoi du comment, mais sans interférer dans le processus voulu. Tarkovski nous assiste, on se (pour reprendre le sous-titre de la nouvelle) promène en sa compagnie sur les chemins tortueux de l'être humain et de sa complexité.
La beauté émane aussi de la mise en scène, qui dessert à merveille le propos du long-métrage. Encore une fois, la sobriété est de rigueur, que ce soit dans les plans souvent contemplatifs (les herbes, la désolation du paysage avec les poteaux rouillés, vestige d'une civilisation auto-détruite) ou les mouvements de caméra suivant les trois personnages, hypnotiques à souhait. Le spectateur assiste, fasciné, à cette longue quête pour la Chambre, symbole d'une renaissance, d'un espoir nouveau. L'antithèse du monde actuel, en somme.
Stalker mérite une plus longue analyse, mais d'autres que moi l'ont fait avec brio (Dream le premier). Ce long-métrage marque, marque pour un long moment.
Une réflexion bienvenue, encore d'actualité aujourd'hui quand on regarde le monde qui est le notre. Son propos est universel, pouvant toucher n'importe qui à n'importe quel moment.
Une tristesse folle m'empare rien que d'y penser. Pourquoi le monde ? Pourquoi ce monde ?