Dans les pas du guide, du Stalker, l'Ecrivain et le Physicien cherchent une réponse. Un chemin vers le bonheur. Les arts et la science ne suffisant pas, ils se tournent donc vers le mysterieux, le sacré. La chambre d'un mystérieux sarcophage censée réaliser les rêves les plus fous. De quoi combler un vague à l'âme. Sûr qu'avec cet appel au retour du religieux, le Tarkovski a dû foutre la zone dans l'URSS brejnevien de la fin des seventies. Pourtant ce n'est pas ça qui fait le sel du film. Continuons donc à chercher d'ou provient cette secousse tellurique qui nous a secoué dans cette adaptation du roman des frères Bogdanov (par paresse, les noms ont été changé).
Incapable de résister a l'appel de la Zone, Stalker, guide miné par le poids des ans et une alimentation pas assez vitaminée, fuit son quotidien industriel. Un monde délavé, jaune comme la fumée des usines toutes proches qui ont contamine l'air et fait de sa fille, Ouistiti, un monstre. Un singe en hivers nucléaire. Aliené par cette société moderne et son industrie lourde, Stalker trouve refuge à "Lourdes", dans un sanctuaire, un temple à ciel ouvert qui témoigne de la présence de quelque chose de plus grand, de Supérieur. Alien ou divin. Aux zones industrielles en noir & blanc, s'oppose la Zone, foret vierge filmée en couleur, comme si on accédait à un niveau supérieur de conscience. Une hyper-réalité sauvage, sans loi ou seul peuvent survivre ceux qui respectent son caractère sacré. Message religieux et plaidoyer écolo, donc. Comment ne pas penser à Fukyoushima et surtout à Tchernobyl-Pripyat. La cité industrielle abandonnée des hommes et sa zone d'exclusion où le danger est partout, invisible. Un espace rendu à la nature, aux chiens errants (cf. le clebs qui suit le trio d'aventurier)... Mais ce n'est pas le côté fable écolo qui va me faire fondre comme un réacteur en fusion...
Un film universel, qui touche même les gens pas spécialement enclins à courir dans les champs en bénissant le nom du Seigneur. Et si c'était ça le mystère de "Stalker"? Ceux qui trouveront ça chiant, lent ou fumeux pourront toujours se réjouir de subir, 2h30 durant, la plus belle photographie jamais consacrée à un film de SF.