Star Trek Générations n'est pas tellement le passage de relai d'une génération à une autre. Quand le film sort, c'est à peine six mois après la fin de la série Star Trek, la Nouvelle génération (aka Star Trek TNG) qui avait réussi à s'imposer comme continuation à la série originale avec non seulement sept saisons mais deux spin-offs déjà. C'est plus la concrétisation d'un rêve de fan : voir les deux capitaines les plus populaires de l’Entreprise se rencontrer à l'écran, Krik et Picard. FIGHT ! Mais avant qu'on en vienne au mains, il faut une bonne heure vingt histoire de présenter les deux gus mais surtout Picard parce que c'est son film maintenant, à lui de porter les couleurs de Starfleet sur la grande toile.
Les producteurs ne se sont pas emmerdés, ils ont tout simplement convoqué l'équipe de la série télé pour faire le même boulot au cinéma. Le premier film Star Trek s'adjoignait Robert Wise ce qui n'est pas rien quand même, celui-ci utilise les services de David Carson, qui était à la barre de 4 épisodes de TNG et de Deep Space 9 chacun. Rien de grandement original sortira de sa caméra, ni même la capacité de faire au mieux avec un budget limité, héritier de la mise en scène sage et savante que s'imposait la série. Pour un film où on fait sauter des astres ça manque d'ampleur, il n'y a à peine que le générique m'as-tu-vu. Quand au script, il est écrit par Brannon Braga et Ron Moore, eux aussi scénaristes de Star Trek TNG depuis la saison 3. Ceux-ci montrent un certain manque de recul. Alors qu'ils écrivent juste après l'extraordinaire final de la série, ils accouchent d'un film assez bancal qui a du mal à présenter ses nouveaux personnages au spectateur néophyte : ils sont nombreux et peu auront une utilité réelle dans le scénario. Outre Picard, qui est le personnage principal, seul Data attire l'attention, personnage déjà populaire, il hérite d'une sous-intrigue sympathique où il découvre les émotions, ce sont de bonnes scènes comiques qui mettent bien en cause sa difficulté à les appréhender. On pensait que Data était comme une pizza : la série avait fait le tour du personnage après quatre saisons ; mais le film lui permet une évolution supplémentaire dans l'apprentissage de l'humanité. Cependant ça a un coté un peu fan-service de tenter ça dès le premier film, au lieu de présenter le personnage. C'est bien là le problème, il croule sous son fan-service. Z'allez voir qu'on va vous citer les Klingons, les Ferengis et les Borgs de nom, les maléfiques sœurs Duras qui proviennent également de la série y refont une apparition pour y mourir, on nous parle du neveu de Picard (et de son frère) qui n'a existé que dans l'épisode "Famille" et qui est à peine remarquable puisqu'on annonce son décès sans nous l'avoir jamais présenté... Un profane est à peine touché par la nouvelle. Tu m'étonnes que le spectateur s'y perde, Braga et Moore n'ont vraiment pas fait gaffe, trop heureux d'écrire Star Trek au cinéma ils ont oublié qu'ils devaient considérer tout le monde et pas seulement les habitués...
Heureusement c'est un fan-service relativement superficiel, qui rend certaines choses difficiles à atteindre pour le novice mais qui ne touche pas les strates les plus profondes du récit - un certain Abrams y tombera pourtant 15 ans plus tard en invoquant des univers parallèles et des lignes temporelles à la con.
Genérations part sur la recherche du bonheur absolu, un lieu où le temps s'arrête et où tout ce que l'on désire se réalise, le paradis selon l'interprétation la plus répandue et certainement pertinente. Les dialogues ont un peu de mal à nous faire avaler que la recherche d'immortalité et la malédiction du fantasme sont liés en un seul tas, mais l'idée est intéressante à exploiter. C'est quelque peu bancal, un peu expédié dans la fameuse scène où Picard confronte son fantasme représentant une certaine idée de la France, d'autant plus que la sous-intrigue de Data, qui ne s'y rattache pas, la rogne un peu.
Il fallait pourtant bien ça pour trouver la justification nécessaire, la raison qui permettrait d'importer Kirk cent ans dans le futur pour qu'il rencontre Picard. Il emporte avec lui une énergie propre à l'acteur qui fait plaisir à voir. C'est l'heure enfin d'en venir au mains, Kirk à perruque le bagarreur vs Picard au crâne chauve le diplomate. La menace qui les lie est pas capable de les montrer se compléter mutuellement, en fait Kirk sert de chair à canon supplémentaire. Il y a quelque chose de décevant dans cette intervention, à nouveau un manque d'ampleur quand ça se termine dans une pauvre carrière rocheuse avec un combat à la piètre chorégraphie. La force de leur rencontre ne se trouve pas au combat. La meilleure idée de la pellicule (ah mais non, nos deux capitaines ne peuvent pas en avoir) est de choisir de les placer dans une petite maison de campagne, en les faisant faire la cuisine, les laissant simplement interagir hors de leurs métiers, les laisser juste vivre comme ils sont. Simple, subtil, mais il fallait y penser. Dommage cependant que le destin de Kirk soit scellé dans ce film, on aurait préféré le laisser tel qu'il est à la fin du film précédent.
Star Trek Generations est pas réellement mauvais en fait, il a divers petites scènes qui sont très bonnes, sauf qu'il pense plus à être une suite de Star Trek, la Nouvelle génération qu'à être sa propre bête.