Autant La voix humaine ressemble à un exercice de style auteuriste, avec un très long monologue de Tilda Swinton, dans une adaptation lointaine de Cocteau; autant Strange Way of Life est un excellent concentré narratif de l'art d'Almodovar, dans un genre, le western, où il n'était guère attendu. Sa brièveté représente même un atout, dans le sens où elle laisse avec un petit goût de frustration, mais aussi la possibilité à chacun d'imaginer une suite à sa guise. Dans ce Cours après moi shérif d'un autre genre, gay en l'occurrence, le cinéaste ouvre grand les vannes d'une sensualité débordante auprès de ses deux héros, aussi virils que l'on peut-être dans l'ouest, mais néanmoins romantiques et dans le souvenir d'une brève liaison. Qui d'autre que le cinéaste espagnol pourrait se permettre d'inclure deux flashbacks aussi brillants et brûlants dans un court-métrage de 30 minutes ? Almodovar est un grand directeur d'actrices mais aussi d'acteurs, comme le prouve l'excellence de Ethan Hawke et Pedro Pascal, dans des rôles où ils ne flirtent jamais avec le grotesque ou la parodie, ce qui était un risque. La réponse du réalisateur de Femmes au bord de la crise de nerf à Brokeback Mountain est délicieuse, amusante et puissante (un clin d’œil au film d'Ang Lee, le fait que l'un des deux personnages souffre d'un dos cassé" ?).