Les hasards de la vie ont fait que j'ai deux cousins plus âgés qui vivaient dans le 18ème arrondissement de Paris. Les hasards de la vie ont fait qu'ils étaient au lycée avec Mathias et Vincent Cassel ainsi que Souleymane Dicko, ce dernier deviendra connu sous le pseudonyme de Solo et fondera avec Mathias devenu Rockin Squat le groupe Assassin l'un des premiers groupe de rap français et encore aujourd'hui considéré par les spécialistes comme l'un des tous meilleurs. Les hasards de la vie ont fait que lorsque j'étais en vacances chez eux dans les années 80, ils m'emmenaient dans un terrain vague situé porte de la Chapelle où grace notamment à Dee Nasty, pionnier du hip-hop en France on a vu exploser cette nouvelle culture.


Si j'évoque ces souvenirs, ce n'est pas pour dire "Hey moi j'ai connu les débuts de NTM et de tout ce mouvement", j'étais alors trop jeune pour réaliser vraiment l'impact futur de ce à quoi j'assistais, mais je me souviens parfaitement que parmi tous les jeunes qui fréquentaient ce lieu mythique trois personnages en particulier se démarquaient, un certain Bruno qui graffait Kool Shen et était précédé d'une grosse réputation dans l'art du graf, un certain Didier qui muni d'une grande gueule mettait tout le monde d'accord en termes de danse et quelques autres qui feront des carrières plus ou moins importantes dans le rap ou le hip-hop.


Je me souviens aussi des nuits à bomber Paris avec mes cousins et des défis qu'on se lançait les lendemains de la diffusion de l'émission de Sydney "H.I.P-H.O.P" pour savoir lequel rentrerait le mieux le nouveau pas de break-dance qu'il nous avait appris.


Mais il parat qu'on est ici pour parler de cinéma, alors parlons-en, si le biopic supervisé par Kool Shen et Joey Starr ne fait pas mystère de quelques points habituellement passés sous silence dans ce genre de films, notamment les problèmes d'addiction de Joey, il fait en revanche l'impasse sur deux ou trois éléments qui effectivement ne changent fondamentalement pas l'issue finale, mais aurait permis de mieux appréhender pour le public qui ne serait pas aux faits, comment NTM est devenu NTM. Le "Suprême NTM" a en effet d'abord été un posse de danseurs et de graffeurs bien avant de devenir cette icône du Rap, et si le film montre comment Rockin Squat et Solo ont une part de responsabilité dans l'avènement de NTM comme groupe de rap, la réalité n'est pas tout à fait celle dépeinte dans le film.


La réalisatrice arrive néanmoins à capter l'atmosphère de l'époque de ces concerts sauvages, de la colère sourde qui présidait à la vie des banlieues, en cela le film est une vraie réussite et plusieurs plans et scènes constituent de réels prouesses techniques et articulations narratives passionnantes.


Les comédiens qui incarnent le duo iconique du rap français sont excellents et le film a l'intelligence de ne pas chercher à singer ou imiter parfaitement leurs modèles mais plutôt à nous donner à ressentir leurs motivations et leurs caractères à la fois complémentaires et indissociables.


Les hasards de la vie ont fait que gamin j'ai été témoin d'un truc dont je ne mesurais pas l'importance, plus tard je serai en revanche beaucoup plus actif et acteur dans une dernière révolution musicale l'avènement de la techno.


Le film m'a plutôt séduit mais si vous voulez creuser d'avantage le sujet, je vous conseille l'excellente mini-série de Arte "Le monde de demain" qui décrit justement les débuts du Hip-Hop en France à travers justement NTM, Dee Nasty et la danseuse et graffeuse Lady V, membre du Suprême disparue trop tôt dans un accident de la route et à qui le titre "Un ange de plus dans le ciel" est dédié.

Spectateur-Lambda
8

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le 19 nov. 2022

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