À l'heure où les remakes envahissent nos salles de cinéma, chaque annonce d'une nouvelle version d'un film culte fait bondir puristes et cinéphiles. Mais certains remakes se distinguent, redonnent une fraîcheur à une oeuvre tout en traduisant une véritable vision d'auteur. Suspiria, remake du film éponyme de Dario Argento en est la preuve.
Suspiria (1977) est un film qui a le statut de film culte avec un véritable travail sur la forme, c'est un bel objet de cinéma et c'est surement pour ça qu'il a marqué les esprits. Mais si on enlève cela, le film parait confus voir complètement bancal. La forme s'avère être une véritable sorcellerie qui nous fait passer au dessus des défauts du film. Dans cette version de 2018 Luca Guadagnino a réussis à la fois à faire un vrai travail sur le fond sans pour autant faire perdre au film de son charme visuel. Effectivement le travail sur l'image est toujours extrêmement présent, ce qui prouve l'héritage du travail d'Argento sans pour autant tomber dans l'imitation. Le réalisateur impose efficacement son propre style, et ça fonctionne !
Mais là où le film se démarque avec audace et toujours avec justesse est véritablement sur le fond plus que la forme. En plus d'être plus détaillé et moins inintelligible que l'original, ce remake tente une approche différente où la sorcellerie n'est plus forcément un mystère, et vient se concentrer avant tout sur les disparitions, manipulations et le pourquoi du comment. Ce qui vient ainsi combler les faiblesses de l'original avec justesse sans pour autant répondre à tous les questionnements laissés par celui ci (bien que pour moi l'original n'en laissait que très peu et semblait juste traduire une faiblesse scénaristique).
Cela donne lieu à des scènes marquantes, comme celle de la représentation de Volk en parallèle avec la découverte des victimes.
Malgré tous ces points positifs le film a tout de même des défauts. Outre certains éléments scénaristique qui m'ont déplus, que je tairais pour éviter le spoil, c'est surtout la B.O qui m'a déçu, largement moins bonne que celle de l'original composé par Goblin, qui était véritablement marquante et qui accompagnait avec justesse le film d'Argento.
Quoi qu'il en soit c'est inévitable, on ne peut pas voir ce remake sans penser à l'original, bien qu'il apporte une version qui à mon sens est totalement nouvelle et très différente du premier film.
Suspiria (2018) est un bon film qui transgresse de la version originaire et je peux d'ailleurs imaginer que c'est pour cela que le film ne plaira que très peu alors qu'il présente une vision originale avec un vrai travail d'auteur derrière. Le cas de ce remake est par ailleurs très particulier, car il ne peut certes exister sans le film initial, car il vient compléter un objet de cinéma sublime qui lui parait totalement superficiel.
C'est pour cela qu'il faut aller à l'encontre des généralités : tous les remakes ne sont pas à rejeter dès leur annonce.