Les décors sont plus vrais que nature, le réalisme est à son comble et l’intensité du métier de reporter de guerre est montrée dans sa véracité la plus intense. Sur tous ces points, « Sympathie pour le Diable » ne peut souffrir d’aucune critique. Ce métier est tantôt montré de la plus belle des manières (adrénaline, métier indispensable pour ouvrir les yeux au monde, passion d’informer, vie à cent à l’heure…) mais aussi clairement de façon plus moche (danger constant, vie de famille absente, imprévisible, …). Tous ces aspects sont montrés sans être pour autant être très approfondis mais on a une bonne vue d’ensemble. Ici, on a plus tendance à voir les risques inconscients que peuvent prendre ces passionnés pour exercer leur métier et assouvir leur passion qui s’apparente parfois à une drogue. Il n’est clairement pas donné à tout le monde de vivre dans ces conditions et d’assister à de telles atrocités et le film le montre très bien. Sur le versant documentaire à propos de ce métier à la fois prestigieux et dangereux, « Sympathie pour le Diable » est donc irréprochable. On sent les années de recherches du cinéaste qui s’est appuyé sur le livre du journaliste Paul Marchand. Journaliste qui est ici le personnage principal.
De Fontenay le met ici en scène sous les traits d’un Niels Schneider plutôt convaincant et base son récit sur les souvenirs de journaliste de son protagoniste principal mais aussi sur ses propres investigations. Le film a cependant du mal à captiver sur la longueur à cause de cette part de documentaire qui empiète trop sur le côté fictionnel, une fiction qui en devient caduque. Il manque de romanesque et d’une intrigue plus concrète ici. Le film hésite constamment entre les deux formes et nous perd un peu. On suit une semaine voire plus (la notion temporelle est peu claire ici) de la vie de ce célèbre journaliste durant le siège de Sarajevo. Mais il n’y pas d’histoires, juste une succession de mini-aventures d’un reporter de guerre sur le terrain. Les personnages errent sans but réel au cœur du conflit. Et c’est tout, il faut voir d’ailleurs comment débute et se clôt le film, sur l’instant sans véritable prologue ni épilogue. De plus, le contexte géopolitique n’est pas toujours bien posé et le conflit des Balkans ne semble pas assez vulgarisé en détail pour comprendre les déplacements des protagonistes, les enjeux de ce siège et ce qu’ils encourent. En revanche, l’inanité et le statut de simple observateur de l’ONU est pointé du doigt avec sens.
Alors on ne peut pas dire que l’on s’ennuie, le montage étant assez alerte et le film plutôt court mais on est loin d’être captivés. Le film déroule son programme opératique et seules trois scènes chocs viennent nous stimuler, comme si le metteur en scène avait besoin de ces moments sensationnalistes pour faire exister son long-métrage. Le fait de se servir d’une réalisation caméra à l’épaule est tout à fait justifiée mais n’a rien de révolutionnaire vu le sujet du film. On ne peut donc s’empêcher d’être un peu déçu par « Sympathie pour le Diable » qui semble n’être empli que de bonnes volontés mais ne parvient pas vraiment à se rendre passionnant ni à prendre aux tripes, en dépit de quelques séquences chocs ou instructives. Dans le même genre, le méconnu mais magnifique « Harrison’s Flowers » sur le même sujet et ayant pour cadre le même conflit est bien plus palpitant et émouvant.
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