Syndromes and a Century, dernier volet de la trilogie entamée par Blissfully Yours, est un film très exigeant. La simple trame narrative pourrait se résumer à suivre des individus sur deux périodes différentes, consultant médecins comme proches et futurs proches pour se guérir de leur passé, ou retrouver ce qui leur était cher.
On l'aura compris, Weerasethakul évoque de nouveau la condition humaine, sujette à l'insatisfaction permanente, qui ne relève d'ailleurs pas de la faute de l'homme, mais du simple fait qu'il s'agisse d'une créature inlassablement portée par la mémoire. Puisqu'il ne s'agit que de cela ici, retrouver ce qui a fait du médecin ce qu'il est devenu, les anciennes relations amoureuses comme ce qui a rendu plus sage un chaman.
Le metteur en scène écoule le temps d'une manière toujours aussi rigoureuse, en corrélant les deux parties à une même idée thématique : le désir de trouver le remède aux troubles émotionnels. Filmant les actions de l'extérieur, à l'occasion d'une danse publique en épilogue comme d'une sublime interprétation à la guitare classique, Syndromes and a Century parle de la vie comme un ensemble d'évènements distincts, mais corrélés par leur ressemblance dans le temps.
Une ressemblance soit personnelle puisque nostalgique (aux souvenirs des amourettes de jeunesse), ou tout simplement physique (les infrastructures publiques, hôpitaux).
Syndromes and a Century, c'est le rappel que la vie, c'est la tentative de fuir à la fatalité du temps, immaîtrisable.