En général, les films à sketches forment un ensemble disparate et passable, surtout quand ils ont des auteurs différents.
Composée de quatre histoires, dont la troisième donne son titre au film, la comédie de Pierre Etaix supporte très bien la variété de formes et de contenus, voire de couleurs, pour la raison que l'inspiration comique et la réalisation d'Etaix sont irrésistibles.
Son inventivité burlesque et la précision de sa mise en scène sont évidentes. Les gags, visuels pour l'essentiel, s'enchainent sans temps morts comme si chaque plan était conçu pour accueillir un effet comique.
Pierre Etaix est un clown mutique et sans grimace; il est souvent le sujet de petites contrariété qui mettent ses personnages, ou ceux des seconds rôles avec qui il partage volontiers la scène, dans l'embarras. Le réalisateur se passe très bien des textes lorsqu'ils ne s'imposent pas; car, comme chez Jacques Tati, son humour repose souvent sur l'observation de postures délicates.
"L'insomnie" est une parodie de films d'épouvante façon Dracula et repose sur une mise en images très amusante de la relation entre la lecture nocturne d'un insomniaque et son imagination. Les deux sketches suivants ont une portée à la fois burlesque et satirique, l'un évoquant, après une séance de cinéma pleine de désagréments pour le "héros", l'intrusion de la publicité dans la vie quotidienne, l'autre dessinant l'agitation de la vie moderne et ses pollutions sonores et atmosphériques en particulier.
Enfin, le dernier sujet est tout à fait différent où, dans un coin de campagne, la promiscuité d'un chasseur, d'un paysan et d'un couple de piqueniqueurs occasionne des effets comiques croisés incessants et désopilants.
En refondant son film cinq ans plus tard, Etaix a enlevé "En pleine forme" qui est devenu un court-métrage à part. J'en ignore la raison mais c'est bien dommage car "Tant qu'on a la santé" dure à peine plus d'une heure et qu'on en redemande!