On pourra toujours contester les choix de mise en scène de Todd Field, résolument non-spectaculaires, intégralement dévoués à leur héroïne. Une durée quelque peu excessive, également. Mais pour qui parviendra à rentrer dans cet univers assez froid, le visionnage en vaudra la peine. Film complexe, ambigu, à l'image de sa protagoniste, « TÁR » sait créer le malaise, la rupture, l'incertitude, si bien qu'on ne sait jamais vraiment où tout cela va nous mener, ce qui nous attend par la suite, sentiment devenu rare au cinéma aujourd'hui.
Si le scénario manque sans doute un peu de densité, sa construction reste extrêmement bien pensée, n'hésitant pas à renverser certaines valeurs habituelles, notamment dans les rapports hommes-femmes et la notion de domination. L'atout principal de l'œuvre reste toutefois évidemment Cate Blanchett, au-delà du magistral dans ce qui assurément l'un de ses plus grands rôles, manifestement volée aux Oscars par Michelle Yeoh, même si peu de gens s'en sont visiblement rendus compte. Une œuvre relativement exigeante, donc, mais un sujet important, traité avec force et porté par une actrice au sommet.