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Je ne vous cache pas que, comme pour beaucoup d'autres personnes, la mort inattendue de Michel Blanc, que je considère comme, de loin, la personnalité la plus talentueuse et la plus attachante de la troupe du Splendid, m'a particulièrement touché. Et cela m'avait rappelé que je n'avais toujours pas visionné Tenue de soirée, pour lequel le comédien avait remporté un prix d'interprétation à Cannes. C'était le moment ou jamais. Reposez en paix, Michel Blanc.


Je confesse que si je ne m'étais pas spécialement acharné à regarder ce film, c'est parce que le cinéma de Bertrand Blier et moi, ça fait bien deux. Je suis pleinement conscient de faire partie d'une minorité de cinéphiles à ressentir ce sentiment à l'égard de ce réalisateur (il suffit que je jette un coup d'œil aux notes de mes éclaireurs pour m'en assurer !).


Ce que je lui reproche très souvent, c'est que, passé une idée de départ insolite (ici, Michel Blanc qui devient un improbable objet du désir... alors que Miou-Miou est dans le coin quand même !), donc attirante, passé un premier tiers tonitruant et emballant, avec son lot de répliques fleuries percutantes, faisant mouche, le reste de l'œuvre tourne méchamment en rond. Blier scénariste ne sait jamais, au-delà, généralement, d'une demi-heure, comment prolonger d'une manière, fluide, cohérente et efficace, le long temps à combler ensuite. Et il ne sait pas non plus comment le conclure, bâclant à chaque fois ses fins. C'est un schéma qui revient constamment chez lui. Je pourrais copier-coller cette critique pour n'importe lequel de ses films, à l'instar de Tenue de soirée.


Dans ce long-métrage, les trois protagonistes font une connerie. Ils rencontrent un ou des personnage(s) incarné(s) par des visage(s) bien connu(s). Plus loin, même type de connerie, visage(s) connus et ainsi de suite. À partir de l'apparition de Bruno Cremer, nos zigotos ne cambriolent plus, mais se prostituent. Oui, Blier n'a pas trouvé mieux pour tenter de relancer la mécanique. Mais, à part ça, rien ne change. J'avoue que j'ai éprouvé une certaine lassitude, que le temps m'a paru long (même si l'ensemble ne dure "que" 81 minutes !). Et je ne compte pas sur une quelconque recherche visuelle chez le cinéaste pour capter les yeux, étant donné que chez lui, la caméra n'est là que pour enregistrer.


Bon, je ne dénie pas un style bien reconnaissable et unique au Monsieur, avec ses personnages, principaux et secondaires, cyniques, amoraux, nihilistes, ne s'étonnant absolument de rien, dédramatisant toujours. Et il y a un côté transgressif, fascinant bien malgré soi, détonnant fortement dans notre époque bien "on ne peut plus rien dire !". On ne pourrait plus le refaire maintenant, ça, c'est certain. Oui, imaginez un film aujourd'hui, montrant les homosexuels uniquement comme des queutards ne pensant qu'à s'enfiler des culs, les femmes comme des chieuses, cupides et infidèles, que l'on calme à coups de taloches bien méritées, et un respect du consentement totalement inexistant (au moins, Gégé n'a pas dû avoir trop de mal à entrer dans son rôle !)... non, mais imaginez... le réalisateur finirait direct au bûcher.


Je ne dénie pas non plus qu'il y a aussi le trio d'acteurs (Blanc-Depardieu-Miou-Miou !) pour s'en donner à cœur joie à balancer les dialogues savoureux rédigés par le metteur en scène. On a aussi la preuve que Michel Blanc (tombant définitivement la moustache... ce qui lui ira super-bien !) pouvait adapter son personnage récurrent de gros loser magnifique à tous les styles et qu'il était un comédien à l'aise dans tous les registres (la suite de sa carrière le confirmera plus que jamais !).


Mais bon, désolé, mais, même si je lui reconnais quelques points intéressants, le cinéma de Bertrand Blier n'a jamais été pour moi. On ne peut pas me reprocher de ne pas avoir essayé. Peut-être qu'un jour, je tenterai, en dépit de cela, un des films de lui que je n'ai pas encore vus. Sur un malentendu, ça peut marcher.

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le 7 oct. 2024

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Plume231

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