Terminator : Dark Fate réalisé par Tim Miller, est le sixième film de la saga Terminator. Produit et scénarisé notamment par James Cameron lui-même, cet opus avait pour objectif d’effacer de l’histoire les épisodes sortis postérieurement à Terminator 2 : Le Jugement Dernier, se présentant ainsi comme la véritable suite du monument de James Cameron.
Ce procédé rappelant le Halloween de David Gordon Green et le retour de James Cameron au sein de l’univers qu’il a lui-même créé ont-ils suffit à ranimer celui-ci ?


Synopsis :


Au Mexique, une machine venue du futur traque la jeune Dani Ramos tandis que Grace, humaine augmentée elle aussi venue du futur, tente de tout faire pour la protéger avec l’aide de Sarah Connor, devenue chasseuse de Terminator (Mais qui chassent-ils, eux ?).


Tuer le Père ?


Impossible de parler de Terminator : Dark Fate sans parler de sa séquence d’ouverture. Techniquement très impressionnante, la scène est également très difficile à regarder pour le spectateur.


John Connor, présenté dès le premier film comme le sauveur de l’humanité, héros de la guerre contre les machines, est abattu par un Terminator sous les yeux de sa mère, quelques mois à peine après la fin de Terminator 2.


A peine 3 minutes 30 après son début, le film remplit son contrat : effacer de la timeline toutes les autres suites de Terminator 2. Cependant, ce n’est pas là le seul exploit de la séquence.


En tuant ainsi John Connor


, le film rend également complètement inutile les deux films qui le précèdent dans la chronologie du récit. Pourquoi avoir suivi l’histoire de John ou de Sarah si leurs actions ne sont finalement pas déterminantes pour le récit ? Pourquoi avoir ainsi créé une icône pour la briser si facilement ?


Mais John Connor n’est pas la seule icône à rencontrer un sombre destin.


Le T-800, incarné par Arnold Schwarzenegger, devient, au contact de l’humanité, un papa gâteau et un mari aimant vendeur de rideaux.
On pourrait penser que si le film se débarrasse ainsi des grands noms de la saga, à l’exception de Sarah Connor, c’est pour s’en libérer et partir vers quelque chose de neuf. Pourtant, il n’en est rien. Le film ne fait que copier ses prédécesseurs plus ou moins illustres. Deux êtres venus du futur, l’un pour tuer le chef de la Résistance, l’autre pour le protéger, un adversaire qui rappelle le T-1000 sans jamais l’égaler dans la crainte qu’il inspire, une poursuite en camion, puis en hélicoptère, un affrontement final en zone industriel… Tout cela semble tristement venir, non pas du futur, mais du passé. On peut également citer le Terminator vieillissant, douloureux rappel de Genisys ou même le personnage de Grace, hybride, humaine mais également machine, inspirée sans doute du personnage de Marcus Wright dans Terminator Renaissance. A une différence près néanmoins : Dans Renaissance, Marcus Wright ignorait qu’il avait des composants mécaniques et avait été créé par Skynet pour infiltrer la Resistance et la détruire de l’intérieur. Le personnage de Grace lui, a été augmenté par la Résistance elle-même… qui combat donc de manière régulière les machines… par des machines… et cela sans craindre semble-t-il le risque du piratage.


No Fate ?


John et Sarah Connor n’ont manifestement pas arrêté le jugement dernier, même après la destruction de Cyberdine. Skynet,


malgré le succès de l’assassinat de John Connor


, ne semble pas non plus avoir empêché l’émergence d’une Résistance humaine menée par un leader prophétique. En effet, dans le futur développé par Dark Fate, une intelligence artificielle du nom de Légion a déclenché le Jugement Dernier et une Résistance est née, menée par Dani Ramos. Noms différents, futur identique.
Le film de Tim Miller s’éloigne donc de la morale de son prédécesseur:



Il n’y a pas de Destin mais ce que nous faisons. » « There is no Fate
but what we make for ourselves.



pour aller vers un déterminisme sombre. Le Soulèvement des Machines avait déjà emprunté cette voie. Le film de Jonathan Mostow nous montrait un John Connor écrasé par ce destin de héros et de chef qui n’était jamais advenu et qui se rendait compte au fil du temps qu’il ne pouvait pas empêcher le Jugement Dernier mais qu’il devait simplement y survivre.
Rien de tout cela chez Tim Miller, qui efface tout et change simplement l’emballage de ce que nous connaissions déjà pour nous le servir une fois de plus.


#(Ter)Me(na)Too(r) ?


Le film de Tim Miller n’emprunte pas ou peu de nouvelles pistes de réflexion. Il transfère ce que nous connaissions déjà au Mexique et change son casting pour proposer un clone féminin et latino de John Connor dans le but peut-être, d’inscrire maladroitement son film dans un mouvement de critique de l’Amérique de Donald Trump ; datant immédiatement son métrage et le condamnant rapidement à l’obsolescence.


On peut également noter ces mots prononcés par Sarah Connor à Dani :



You’re not the threat. It’s your womb.



Comme si le cinéma de James Cameron n’avait jamais contenu de femmes fortes et les avait toujours représentées comme de simples ventres (Ellen Ripley pour Aliens ? Sarah Connor elle-même, qui peut sans doute être considérée comme l’un des plus importants personnages de femmes fortes ?) ; comme si le Cinéma en général n’avait jamais connu de grandes héroïnes (Ghost in the Shell de Mamoru Oshii ou Kill Bill de Quentin Tarantino) même si elles sont certes trop peu nombreuses ; mais surtout, comme si le Cinéma actuel, en particulier grand public ne tentait pas déjà de combler cette absence (Vaiana, Wonder Woman, Alita, Anna et Elsa dans La Reine des Neiges ou encore Furiosa dans Mad Max Fury Road de George Miller).


C’est donc une œuvre au mieux maladroite que nous propose Miller. Une œuvre au message trop grossier et trop peu finement distillé, qui fait plus de mal que de bien à la saga Terminator initiée par James Cameron en l’enfermant dans une boucle temporelle au lieu de lui ouvrir de nouveaux horizons.

Créée

le 18 févr. 2020

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