L'Angleterre possède quelques talentueux cinéastes, et ce depuis de nombreuses années. Cornel Wilde est l'un d'entre eux, malgré le fait qu'il n'ait pas la notoriété d'un Ken Loach. Parmi ses chefs-d'œuvres, on peut citer la Proie Nue (1966), qui s'en prend au colonialisme en Afrique, et Le Sable Était Rouge (1967), qui préfigure avec quelques décennies d'avance Il faut sauver le soldat Ryan et la Ligne Rouge. Terre Brûlée (1970), quant à lui, nous parle de la fin du monde sur un ton très réaliste et audacieux pour l'époque.
Dans un futur proche, la pollution s'est à ce point répandue sur la planète qu'elle provoque de solides ravages sur les cultures. Les famines qui s'ensuivent et qui touchent tous les continents engendrent des émeutes, réprimées par du gaz asphyxiant lancé par les véhicules volants des gouvernements. Le militaire John Custance, sa femme et sa fille, tentent de rejoindre une ferme lointaine dans laquelle ils espèrent pouvoir vivre en paix.
De tous les films qui mettent en scène un monde post-apocalyptique, Terre Brûlée est l'un des plus polémiques, l'un des plus politisés. Cornel Wilde est l'un des rares à s'attaquer avec une telle virulence et une telle pertinence aux gouvernements, et sa critique du système social est d'une actualité frappante. Cette image d'une société virant au western anarchique laisse un sentiment d'angoisse profonde par rapport au monde réel, et le cinéaste de conclure son film sur une phrase puissante : « Ce film n'est pas un documentaire... Mais il pourrait l'être ! » Bien tapé, M. Wilde !
(cette critique a été publiée dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en janvier 2012, voir www.lepoiscaille.be )
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