Terreur à l'Opéra par Nicolas Montagne
Dernier grand giallo d'Argento (à ce jour), Opera doit sa qualité certainement à sa fidélité à son titre. On a souvent dit que les oeuvres d'Argento avaient un côté opératique, de par leur intensité naturelle et leur montée en puissance progressive notamment, mais aussi tout simplement par le fait que les opéras y sont régulièrement cités, directement ou indirectement (pour ne donner qu'un exemple, on peut repenser aux scènes d'ouverture d'Inferno). Avec ce film, Argento concilie les deux aspects structurel et physique de cette assimilation pour former un tout plus que cohérent: le film se passera dans un opéra avec une montée en puissance progressive qui atteindra son apogée à la fin. Pari réussi, tant Opéra se démarque de la plupart des giallos classiques par son ambiance unique.
Mais l'ambiance n'est pas tout: on retrouve bon nombre de scènes culte dont la qualité vient de ce qu'Argento n'a pas lésiné sur les moyens de mise en image de ses idées. Parmi les scènes les plus réussies se trouvent ainsi celles où le tueur force la pauvre cantatrice qu'il "vénère" à regarder les pires atrocités en l'empêchant de fermer les yeux par la pose d'aiguilles sur ses paupières, menaçant de lui crever les yeux en cas de fermeture. Le message est clair: encore plus que d'habitude,le sadique Argento ne laissera aucune échappatoire au spectateur. On pourra également citer l'incroyable scène de "fin" pendant laquelle la caméra se met en mode subjectif pour nous dévoiler le regard de corbeaux coassant dans l'immense salle en tournant en rond. De quoi donner le vertige.
Et si le twist final (comme on aime aujourd'hui à l'appeler) peut faire penser à une résurgence des feux de l'amour, celui-ci n'est que secondaire comparé au reste du métrage, purement jouissif. Merci encore M.Argento, et revenez-vous avec des films dignes de votre talent!