Tesis c’est le 1er long métrage d'Alejandro Amenábar et ¡ Joder ! Il a marqué d’une jolie balafre le cinéma ibère !
José Luis Cuerda, réalisateur et producteur confirmé, décide de donner sa chance à Amenábar, 23 ans à l’époque. Il lui confie un budget et des moyens plutôt conséquents pour un novice car il est convaincu du talent du réalisateur madrilène.
Des images tellement violentes qu’elles peuvent susciter le malaise jusqu’à la mort, c’est l’une des idées du film. Tesis pose de façon intelligente les thèmes de la puissance des images et de la fascination qu’elles peuvent entraîner.
Ana Torrent, inoubliable enfant de Cria cuervos et de L'esprit de la ruche joue Angela qui écrit une thèse sur les images violentes dans les médias. Elle a gardé son teint diaphane et son regard si sage et plein de mystère.
Elle est prise dans un triangle relationnel avec Chema, un étudiant marginal fasciné par les images sordides et violentes et Bosco un autre étudiant à l’aura magnétique et effrayante.
Amenábar connait bien ses classiques et on perçoit une influence hitchcockienne avec une tension constamment présente. Il suggère la violence et la barbarie sans ne jamais rien montrer. De cette façon c’est bien plus effrayant.
Le film n’est pas exempt de défauts mais on sent l’énergie, l’enthousiasme d’un jeune réalisateur ainsi qu’une réelle volonté de distraire son public tout en restant fidèle à lui-même.
Il rend hommage au Cinéma et à ses techniques. Mais il se permet également de lancer quelques messages acerbes sur le cinéma de son pays, comme dans l’extrait suivant :
Jorge Castro : " il aurait eu une crise d’asthme en regardant un film "
Remarque sarcastique de Chema : " Espagnol à coup sûr "
C’est la critique d’un Cinéma espagnol qui pour survivre adopte pour credo principal qu’il faut montrer au public ce qu’il souhaite, qu’il n’y a pas de limites aux demandes de l'audience.
Ce film a été réalisé il y a près de 20 ans, avant l’ère internet et la résonance avec notre époque et notre accès facilité aux images les plus atroces qui soient, est d’autant plus frappante.
Amenábar découvre et lacère notre gout pour le morbide. Moi je trouve ça effrayant, ça donnera quoi dans 20 ans ?