De l'absurde à un zeste de nouveauté

Le 5 s'impose, par la disparité des courts métrages. Je pourrais lui mettre 4 ou même 3 car beaucoup sont médiocres, mais les quelques segments au dessus de la moyenne sont très, très bons.

L'idée du film est originale, et j'espère que chaque année nous aurons un nouvel opus, car on peut voir le projet comme une sorte d'annuaire de l'horreur, un grand sac où vous faites votre marché. L'appel à des réalisateurs de tous horizons et tous pays est également très honnête rapport à la multiplicité des points de vue. On a de l'animation, du très esthétique, des inspirations venant du jeu vidéo, des clips, des dessins animés... Cependant, je ne sais pas si les réalisateurs se sont consultés ou pas avant d'établir leurs sujets et intentions, mais j'ai trouvé beaucoup de redondance d'un court à l'autre, ce qui aurait pu être évité s'il y avait eu concertation. Déjà, DU SEXE. Un court métrage sur deux fait des plans seins, les héroïnes ne portent pas de soutien gorge ou pas de T-shirt. Je me doute que c'est parfois ironique ou en référence à un genre, mais ça devient vite lourd. Je ne sais pas si le public masculin apprécie, je trouve ça gratuit. Ensuite sur les thèmes, encore de la redondance : les déviations sexuelles malsaines, les toilettes, les nazis, la caméra subjective...
Un autre aspect m'a marqué, l'impression que les cinéastes voulaient tous créer quelque chose d'inédit, sans s'appuyer sur des œuvres passées. Ce que je veux dire, c'est que le cinéma possède un bestiaire et une flopée de thèmes horrifiques géniaux. Je ne m'attendait pas à des titres évidents comme "Z is for Zombie" ou "W is for Werewolf", mais ça aurait été bien de retrouver des classiques, détournés ou approfondis. Cela m'aurait en tout cas apporté un peu de repos, de rafraîchissement, dans cette avalanche de tentatives d'innovations. [Wah, ça fait un peu réac ce point...] Ouais, un peu comme si les réalisateurs s'étaient tous dits "Tiens, les autres vont faire des courts conventionnels et déjà vus, je vais faire mieux parce que différent" C'est pour ça que je trouve qu'un peu d'organisation, une sorte de réunion où chaque réa expose son court métrage dans les grandes lignes, pourrait donner un résultat final plus équilibré autant sur la qualité que sur le sujet.
Oui, parce que du coup, le segment Z est tout nul et laisse un mauvais goût dans la bouche alors que l'ensemble est pas si naze.

Qu'en est-t'il du positif alors?

Il y a énormément de suggestion et beaucoup de courts métrages nous laissent avec pleins de questions, ce qui est pour moi une bonne chose, au moins j'y pense encore après visionnage.
D, le combat entre un homme et un chien, est génial, très esthétique, tout en ralenti, avec une réelle immersion dans l'action et aussi une réflexion.
N est charmant, drôle et assez cruel, tout ça à la fois et dans un format court très efficace.
Q et W relèvent du n'importe quoi et du génie.
S apporte un choc intéressant en confrontant plusieurs mises en scènes.
T est de l'animation en glaise (je crois) d'un de mes réa chouchous [allez sur la chaîne youtube de LeeHardcastle!!] où le gore est incroyablement réalisé.

Mais la palme revient au français Xavier Gens et à son court métrage XXL à propos d'une femme grosse subissant des railleries. Le message est un peu trop évident pour moi (bien sûr que c'est mal de se moquer, des gros ou d'autres gens) et la première partie de la mise en scène un peu exagérée, mais le reste du court et particulièrement le montage sont efficaces, intenses et prennent aux tripes.

A la sortie de l'ensemble, j'étais choquée, nauséeuse, amusée, pensive et un peu effrayée. ABCs of Death a le mérite de me faire passer par autant d'états quand dernièrement la plupart des films d'horreur m'ont laissée de marbre.