The Apprentice
6.9
The Apprentice

Film de Ali Abbasi (2024)

𝑇ℎ𝑒 𝐴𝑝𝑝𝑟𝑒𝑛𝑡𝑖𝑐𝑒 d'Ali Abbasi livre une œuvre audacieuse et fascinante, offrant une relecture saisissante de l'ascension de Donald Trump. En transformant ce récit en une allégorie monstrueuse digne d'un Frankenstein moderne, le réalisateur transcende la simple biographie pour interroger les racines du pouvoir, de l'ambition et de l'amoralité.


La première moitié du film nous plonge dans les années 70, où Sebastian Stan incarne un jeune Donald Trump, encore malléable et étrangement attachant, avide d'apprendre les rouages de la manipulation. Il trouve en Roy Cohn, interprété avec une intensité redoutable par Jeremy Strong, un mentor machiavélique capable de modeler ses instincts en outils d'un pragmatisme impitoyable. Abbasi excelle dans la mise en scène de cette dynamique maître-élève, chaque interaction renforçant l'idée que Trump est façonné par des préceptes corrosifs. La réalisation accentue cet apprentissage brutal avec des plans serrés et une tension omniprésente, soulignant l'intimité trouble de cette relation.


Lorsque le film bascule dans les années 80, la transformation est quasi achevée. Trump est désormais le symbole vivant d'un capitalisme décomplexé, déployant son empire immobilier sans scrupule et reléguant son mentor à l'oubli. La froideur avec laquelle il abandonne Cohn, alors que celui-ci sombre dans la disgrâce et la solitude, reflète le cynisme d'un personnage où le succès efface toute loyauté. Il y a aussi cette scène très belle où l'on voit Trump passer sur le billard pour se faire opérer, et on nous propose un montage alterné où l'on assiste à la fois à la fin d'un monde et à l'apparition d'un nouveau, avec ce Trump post-opération. Abbasi ne se contente pas de montrer la métamorphose de son protagoniste, il pointe aussi le système qui l'a engendré.


Le film brille également par ses performances impeccables. Sebastian Stan offre une incarnation nuancée de Trump, capturant son mélange unique de charme initial et de duplicié grandissante. Jeremy Strong, dans le rôle de Cohn, est magnétique, un prédateur charismatique dont la chute tragique laisse une empreinte indélébile. Maria Bakalova, en Ivana, apporte une profondeur inattendue à un personnage souvent réduit à une caricature, refusant les stéréotypes.


Loin d'être un simple pamphlet, 𝑇ℎ𝑒 𝐴𝑝𝑝𝑟𝑒𝑛𝑡𝑖𝑐𝑒 est une œuvre riche et complexe, mêlant satire sociale, tragédie humaine et critique acerbe du rêve américain. La construction du "monstre" est traitée avec une rigueur qui pousse à réfléchir sur les figures du pouvoir et leurs conséquences sur le monde. Abbasi propose une vision sombre mais captivante, où la naissance d'une figure aussi polarisante devient le miroir d'une société en mutation.


Ce film ne se contente pas de raconter une histoire, il dissèque un phénomène. Par sa mise en scène élégante et ses performances magistrales, 𝑇ℎ𝑒 𝐴𝑝𝑝𝑟𝑒𝑛𝑡𝑖𝑐𝑒 s'impose comme l'une des grandes œuvres cinématographiques contemporaines, prouvant qu'il est possible de faire de l'art avec des figures aussi controversées que fascinantes.

dosvel
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le 18 nov. 2024

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