The Apprentice
6.9
The Apprentice

Film de Ali Abbasi (2024)

Si Donald Trump est aujourd'hui plus célèbre que Jésus Christ, ça n'a pas toujours été le cas et plonger dans ces années où il a commencé à se faire un nom se révèle une expérience ici remarquable. On ne croise certes pas John Lennon pendant ces deux heures parfaitement rythmées mais on rencontre Andy Warhol ou Liberace, d'autres personnages tout aussi hors norme que Trump. On aurait presque pu croiser aussi dans ce New York décati un taxi jaune conduit par un certain Travis Bickle.

L'histoire prend place entre les années 70 et le début des années 80 (on passe d'ailleurs musicalement de Baccara à New Order pour la bande son) et la reconstitution de la Big Apple de cette période est en tout point réussie, on s'y croit réellement et ce New York à reconstruire, pauvre, sale et délabré se révèle un terrain de jeu parfait pour l'apprenti constructeur qu'est à ce moment de sa carrière le jeune Donald.

The apprentice a bien des qualités et la première, selon moi est de ne pas être un film moralisateur, bêtement anti Trump, versant dans la caricature et le procès à charge.

Le réalisateur Ali Abbassi ne nous livre pas non plus un biopic classique mais plutôt le portrait sensible d'un homme un peu paumé et un peu gauche dans ces jeunes années et qui va progressivement se transformer et muer sous l'influence d'un mentor précepteur, l'avocat Roy Cohn. Car on a ici à faire à un récit d'initiation entre un élève et son maitre, un maitre aux méthodes redoutables, parfois discutables et un apprenti studieux, appliqué mais apprenant très vite ses leçons. Et la relation entre ces deux hommes fait la force et l'originalité du film en lui permettant de prendre la forme d'un récit d'apprentissage.

Sebastian Stan (Trump) et Jeremy Strong (Cohn) sont bluffants dans leur rôle respectif, je ne connaissais pas ces deux acteurs mais ils sont vraiment bons et habités. Strong fait peur au début du film, il a presque un coté Al Pacino dans Scarface et il a la répartie haute en couleur; Stan, aidé par des postiches jaune doré finit lui par ressembler à son personnage et je suis presque certain que ça sera là le rôle de sa vie. La première rencontre entre les deux personnages dans un club privé est réellement savoureuse et des scènes marquantes comme celle ci, il y en aura bien d'autres tout au long du film. Les scènes familiales avec le père, la mère ou le frère Trump valent aussi le détour, la rencontre avec Ivana n'est pas mal non plus. Il y a aussi des scènes totalement glaçantes comme celle dite du "point G" ou celle de l'anniversaire de Roy mais il ne faut pas trop en dire.

Une belle surprise que "the apprentice" qui nous montre un homme en devenir, pas encore ce qu'il est aujourd'hui mais qui a déjà parfaitement intégré les 3 règles d'or apprise au coté de son "pygmalion" et qui lui serviront prochainement: attaquer sans relâche, ne rien reconnaitre, toujours se proclamer vainqueur.


rigoletto-leal
8
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Créée

le 12 oct. 2024

Modifiée

le 12 oct. 2024

Critique lue 224 fois

4 j'aime

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