Youth without truth
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le 9 oct. 2024
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J'ai rattrapé de justesse "The Apprentice", avant qu'il ne quitte les salles. Car il faut admettre, c'est un très gros bide : à peine plus de 4 millions de dollars de recettes internationales (pour un budget de 16), et moins de 200 000 entrées en France.
En même temps je comprends la chose. Les pro-Trump n'ont pas envie de soutenir un film qui crache sur leur idole, les anti n'ont pas envie de voir 2h centrées sur Donald Trump. Car évidemment c'est un pamphlet anti-Trump que nous avons là.
Pour ceux qui n'auraient pas saisi, le titre est déjà une petite ironie. Puisque Donald Trump avait participé pendant plusieurs années à l'émission TV The Apprentice, en se faisant afficher comme un homme d'affaire émérite et implacable. Le responsable de l'émission s'est d'ailleurs récemment excusé, et a avoué que cette image avait été façonnée de toute pièce pour les besoins du show... Mais je m'égare.
Si le film a une structure presque classique de biopic, il part d'une excellente idée : évoquer la montée en puissance de Donald Trump dans les années 70/80, sous l'aile de l'avocat sulfureux Roy Cohn.
Cela démarre comme un pacte faustien, Roy Cohn apparaissant comme le diable incarné. D'ailleurs Jeremy Strong est incroyable, et phagocyte l'écran à chaque apparition. Physique sec, peau bronzée, yeux globuleux et perçants, langage fleuri, spasmes, tactiques sournoises : un salaud que l'on adore détester ! Sauf que ce n'est évidemment pas un retour de bâton à la Faust que l'on aura, mais une véritable vampirisation du duo par Trump, qui devient lui-même une flamboyante figure néfaste et infecte à mesure que son mentor s'efface.
Face à Jeremy Strong, Sebastian Stan ne démérite pas, on sent même qu'il s'éclate. Loin de la caricature, il joue au départ un Trump humain, limite attachant, semblant paumé dans le milieu des affaires. Qui va peu à peu muer en le type infâme que nous connaissons tous (la ressemblance est saisissante, chapeau aux maquilleurs !).
Trump en prend plein la tronche (attendions-nous le contraire ?), pour autant le film gère bien la limite entre la grosse farce (dans laquelle il ne tombe jamais) et le drame sérieux. Beaucoup d'effets de montage ou de mise en scène sont clairement aussi humoristiques que flippant sur le capitalisme américain.
Sur la mise en scène justement, on est quand même assez loin du biopic balisé. C'est filmé caméra à l'épaule façon documentaire, ce qui n'a rien de gratuit et est bien utilisé à plusieurs reprises. Ali Abbasi se permettant régulièrement des juxtapositions ou transitions osées ! Tandis que l'image épouse son époque, on passe du grain 70's au filtre VHS 80's.
J'ai aussi bien apprécié la BO. On mélange des tubes de l'époque, et une musique originale étonnante, qui tantôt se veut rythmée et entraînante, tantôt sinistre et faustienne.
Ni biopic ni farce, "The Apprentice" est un très bon aperçu du personnage d'ogre capitaliste que constitue Donald Trump, qui sait ménager humour et horreur.
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Créée
le 21 oct. 2024
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