Youth without truth
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Avocat impitoyable de la « Big Apple », Roy Cohn remarque dans un club privé un blondinet intimidé. L’invitant à sa table, il fait connaissance avec Donald J. Trump.
Dans les années septante, Manhattan n’est qu’une pomme qui pourrit de l’intérieur. Sexe, drogue, misère et violence hantent ses longues avenues. Promoteur en devenir, Trump rêve de lui redonner splendeur et cachet. A coups de procès, chantage et corruption, il va y parvenir, sous la houlette de son nouveau mentor.
Le regard perçant de Jeremy Strong qui incarne Cohn ne laisse planer aucun doute sur sa succession. Tel un rapace, le chantre du maccarthysme a repéré sa proie. Un blanc-bec immature qui vomit ses premiers verres de vodka. Mais « Donnie Boy », garçon méprisé par son papa, fait preuve d’une ambition sans bornes. Le diable s’habille en costumes trop larges et un pacte faustien est ainsi scellé avec ces trois règles d’or : attaquer, nier en bloc, et affirmer la victoire même dans la défaite. Un futur président est né.
Dans une reconstitution convaincante, image jaunie, gros grain usé, le duo maléfique fait merveille et opère un renversement des pouvoirs sidérant. Le discours prend au sérieux sa cible, même s’il se montre insistant sur ses problèmes de poids et de calvitie. Dans le rôle du vilain canard, Sebastian Stan impressionne, passant par son physique, ses gestes et ses grimaces, d’un sosie raté de Robert Redford à la figure politique connue aujourd’hui. Maudits soient la morale, le bien, le mal et la vérité. Gagnant en assurance, la bête échappe à son maître et retourne ses principes contre lui. Vampire assoiffé, il suce progressivement son énergie et ses kilos. Homosexuel homophobe, Roy Cohn s’éteint petit à petit, terrassé par le SIDA. La tragédie shakespearienne étincelle avec un arrière-goût amer… Ce « killer », machine à gagner, aura peut-être dans quelques jours le destin du monde entre ses mains.
(7/10)
twitter.com/cinefilik
Créée
le 1 nov. 2024
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