Quand je l'ai vu, « The Artist » n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui. Juste un pari fou, presque insensé de la part d'un réalisateur doué et d'un producteur imprévisible. Mérite t-il autant d'honneur, de récompense, de reconnaissance ? Probablement non. Est-il par ailleurs un bon film ? Oui, un très bon même. Loin du simple exercice de style craint, Michel Hazanavicius, en plus de s'être mis exactement dans les conditions du cinéma muet pour mettre en scène, livre une œuvre étonnante non pas par son scénario (très classique), mais par cet hommage aussi sincère qu'émouvant à la fin des années folles. Décors, costumes, contexte : on sent dès le départ que le cinéaste a quelque à dire et qu'il le fera bien, avec de l'audace et surtout beaucoup de talent.
Il suffit de voir cette réflexion étonnante sur le son, à l'origine de scènes absolument remarquables, où encore quelques plans saisissants, renouant avec beaucoup élégance avec les grands films de l'époque. Alors oui le virage dramatique est un peu longuet et la prestation de Bérénice Béjo moins bonne que l'on a pu le dire (César à mon sens injustifié), mais c'est si peu de choses comparé à la beauté et à la singularité de cette œuvre touchante, assurément l'un des grands moments de 2011. Ne serait-ce que pendant 1 heure 40, j'ai d'ailleurs été fier d'être français, et je peux vous assurer que cela n'a pas été souvent le cas durant ces dernières années...