J'avais quelques craintes sur celui-là sachant la froideur avec laquelle j'ai récemment accueilli The Square. Parce que parler d'Art c'est souvent tenter de tenir en équilibre entre l'objectif et un subjectif par trop lourd. Ici, point de lourdeur mais une réflexion habile sur la valeur d'une œuvre, d'un artiste.


Puisqu'il s'agit bien de parler d'une artiste peu commune dans The Artist : Reborn, valeur il y a. Après une décennie passée à l'étranger, Gisèle retrouve sa Corée natale et avec elle une morne existence. L'âme artistique l'habite, contamine le reste et l'empêche d'exercer quoi que ce soit d'autre. Elle, dont l'excentricité gêne autrui, n'est regardée que sans profondeur. Ce n'est que grâce à un concours de circonstances presque magique que Gisèle va crever les cotes du milieu sur le concours de Jae-beom. Seulement voilà qu'on apprend subitement la mort de Gisèle...


Étrangement, à dire voir comme cela on ne se rend pas bien compte, mais le film est très drôle. De l'annonce du décès va alors naître une péripétie cocasse, jouant avec le spectateur sur différents tableaux ; de la comédie absurde au thriller presque inquiétant, il n'y a qu'un pas à franchir.


Nous évoquions plus haut l'idée de fixer la valeur d'une œuvre ou d'un artiste. L'histoire s'amuse véritablement sur ce point, critiquant le critique ainsi que l'aspect pecunier venant parasiter la création. De plus, cette valeur ne s'obtient que grâce au regard de quelques sommités, le public suivant l'engouement sans trop y réfléchir. Gisèle peint tout simplement sans chercher à distiller quelque contenu abscons que ce soit, et pourtant chacun y va de sa petite interprétation pour justifier son intérêt qui est pensé - faussement - comme personnel.


D'une subjectivité toute relative - les œuvres n'étant en rien extraordinaires à mon sens - l'équipe de la galerie va tenter de créer du contexte autour des œuvres de l'artiste, lui inventant une vie de tourmentes pour encore une fois justifier quelque chose ; sa légitimité à être qualifié de chef d'œuvre en l'occurrence ici.


The Artist : Reborn est un film somme toute assez sympathique aux ressorts comiques et à l'absurdité efficaces. Sans être parfait il transporte quelque chose...quelque chose que nous recevons avec clarté, un sourire aux lèvres.

Fosca

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