Batman Begins... Again.

Je dois reconnaître que ce film, je l'attendais presque autant que je le redoutais. Dès les premières bandes-annonces, j'avais cette étrange impression que The Batman allait piocher ses inspirations autant chez Burton que chez Nolan que chez Snyder (et aussi du côté de Seven pour le côté enquête), mais d'un autre côté, j'avais néanmoins une grande confiance en Matt Reeves - à qui l'on doit deux des meilleurs blockbusters de la décennie passée avec ses deux Planètes des Singes - pour signer a minima un bon film... et on a eu un grand film... qui cite autant Burton que Nolan que Snyder avec ce soupçon de Fincher promis par l'équipe créatrice du film.

Parce que je veux bien que la presse soit aux anges de voir un Batman détective fidèle aux comics qui loue une Gotham City telle qu'on ne l'a jamais vu et qui a un rôle aussi important que n'importe quel personnage, le fait est que je reconnais que c'est magnifique, mais on est dans cette ambiance gothique à la Burton. Je veux bien qu'on loue la mise en scène et la photographie, et je suis cent pour cent d'accord, elles sont somptueuses, mais Snyder nous avait déjà sorti un plan qui montre Bruce à l'envers. Et enfin, oui le scénario est riche et la thématique du chaos qui va s'abattre sur Gotham est intéressante, mais là, je vois d'ici le sourire en coin de Nolan qui dit "That's cute". Donc, non, The Batman n'invente rien, il réutilise avec intelligence l'héritage de ses prédécesseurs, aussi bien sur grand écran que sur papier.

Mais en fait, j'ai envie de dire que je m'en fiche à partir du moment où tu me passionnes pendant trois heures pour ton héros, et je peux dire que c'est carrément le cas ici. Pourtant, Reeves et Pattinson se fichent royalement de rendre Bruce Wayne ou Batman sympathique, Bruce est torturé par son passé qui lui revient en pleine tronche et son alter ego use et abuse de la violence, mais finalement, cette odyssée au sein de la pègre de Gotham va faire évoluer notre protagoniste d'une manière franchement intéressante, où les antagonistes et les alliés sont autant d'obstacles émotionnels pour notre héros. Et là, il y a un gros casting qui livre des performances de premier ordre, en particulier Colin Farrell, Paul Dano et Jeffrey Wright, mais je reconnais que Robert Pattinson m'a impressionné de bout en bout (et Zoe Kravitz et Andy Serkis en mention très honorable).

Matt Reeves soigne tout particulièrement son atmosphère, c'est très sombre, les combats au corps à corps sont violents et en tant que spectateur, on ressent chaque coup porté (influence de John Wick??) et The Riddler nous offre quelques scènes de tension ma foi particulièrement réussie, mais au milieu de cette noirceur subsiste la lumière, notamment cette fin très connotée religion, mais qui reste néanmoins cohérente avec le propos du film (faut voir le nombre de fois où Selina s'exclame "Jesus" quand Batman apparaît sans crier gare).

Bref, pas nécessairement novateur même si les fans purs et durs des comics devraient trouver leur compte à voir Batman jouer les enquêteurs, le film de Matt Reeves n'en reste pas moins une impressionnante réussite thématique et visuelle qui permet à Robert Pattinson de livrer la performance la plus impressionnante de sa carrière. Vivement la suite!!