Après le Batfleck, le Battinson...

Passée la trilogie de Nolan qui a mis (à peu près) tout le monde d’accord, les années 2010 ont vu l’émergence laborieuse du DCEU. Où Batman était interprété par un convaincant Ben Affleck, dans une variante intéressante mais des films moyens (voire mauvais). Matt Reeves avait alors pour projet de pondre un film uniquement centré sur le chevalier noir, et de reprendre Ben Affleck.

Mais rebondissement, l’acteur replonge dans l’alcoolisme et délaisse le rôle. Reeves en profite alors pour se lancer un nouveau reboot, coupant par la même occasion tout lien avec un DCEU boiteux. On est donc ici dans un nouvel univers. Batman rode depuis deux ans, terrorisant les criminels de bas étage, sans vraiment arranger la situation à Gotham. C’est à ce moment que débarque un sordide assassin, adepte des énigmes…

On apprécie que Matt Reeves soit parvenu à livrer un film qui a sa propre ambiance. D’abord, avec une patte visuelle franchement réussie. Nouveau costume, nouvelle batmobile, nouveau Gotham poisseux et pluvieux, et une jolie photographie qui se pose et s’impose, magnifiant les (quelques) scènes d’action.

Ensuite, avec l’ambiance. On n’est plus dans un hommage à Michael Mann comme le chérissait Nolan. Ici, on lorgne ostensiblement du côté des films noirs (voix-off sombre, détective menant l’enquête, complot généralisé…), et évidemment vers David Fincher, en particulier « Seven ». L’action est en conséquence limitée devant l’enquête, et il est fort rafraîchissant de voir en Batman un vrai détective plutôt qu’un justicier.

Enfin, le traitement du protagoniste est modifié. Bruce Wayne est pratiquement absent, au centre de « The Batman » on a ainsi… Batman ! Un choix qui permet de développer ce personnage qui se cherche encore, intérieurement et dans ses actions.

Le tout soutenu par une excellente distribution. Robert Pattinson, étonnant en Batman enragé et dépressif. Colin Farrell méconnaissable. Ou encore John Turturro en inquiétant gangster. Par contre, on sera plus réservé devant Paul Dano, qui a tendance à cabotiner en Riddler.

Mais là où le bât blesse vraiment, c’est le scénario. Le film est plutôt bien construit, n’ennuie jamais, et propose même des idées pertinentes (dérives des réseaux sociaux, parallèle avec l’attaque du Capitole et le complotisme, etc.). En revanche, 3 heures, c’est franchement trop long pour cette histoire finalement simple. Tandis que l’écriture enchaîne les maladresses (final qui arrive comme un cheveu sur la soupe), les invraisemblances, et le poussif (la police est vraiment incompétente à Gotham City !). Pas de quoi faire vaciller le film, mais de quoi l’éroder.

Signalons tout de même une belle BO de Michael Giacchino, dont le thème principal est simple mais efficace, et surtout très reconnaissable.

Au final, pas de quoi détrôner la trilogie de Nolan (ni même le diptyque de Tim Burton), mais ce reboot augure du bon pour la/les suite(s).