S’il est une évidence et ce dès le début de ce chambara , c’est qu’il ne dépeint pas un Japon féodal de conte de fée. Tout est traîtrise et couardise, coups fourrés et manigances. Le héros interprété par l’acteur mélodramatique par excellence, Raizô Ichikawa, taillé pour ce genre de rôle, avec son look austère et son regard de bête traquée campe ici un samouraï déchu qui après avoir endossé un crime qu’il n’a pas commis afin de sauver l’honneur de son clan, devra s’exiler et renoncer à l’amour de la fille de son chef de meute.
D’une trame somme toute assez simpliste et banale, le réalisateur Tokuzo Tanaka réussit à compiler touts les attributs du chambara dans un florilège de scènes de joute excellemment chorégraphiées. Loin des excès sanguinolents et des outrances des films de sabre d’un Kenji Misumi ou d’un Hideo Gosha, les combats sont peu violents graphiquement, il réussit tout de même un agréable spectacle, ayant l’avantage de sa courte durée, une heure trente environ et qui malgré son passage en revue de tous les pastiches du genre, se paye le luxe d’un final absolument apocalyptique dans lequel le héros se jette à l’assaut d’une horde composée d’une centaine d’épéistes enragés.
Plutôt bien réalisé et se composant de scènes à l’évidente trame dramatique, le héros qui après avoir subit devient prédateur, ne cherchant jamais à faire dans l’épate, le film aurait sans doute gagné à un plus d’épaisseur psychologique. N’étant pas Misumi ou Gosha qui veut, on assiste malgré ces quelques petites réticences à un excellent film artisanal au final époustouflant.