J’habite à Singapour où le film est sorti depuis fin janvier 2023. Grand fan de l’Oeuvre papier de Takehiko Inoue (Real, Slam Dunk, Vagabond ❤️), je ne comptais pas spécialement allé le voir par peur d’être déçu. N’ayant pas toutes les informations en main, je pensais que ce film d'animation était une simple redite du manga par un réalisateur lambda.
Puis, début Mai je suis parti quelques jours au Japon où j’ai vraiment pu constater l’étendu du phénomène : énorme panneau publicitaire en plein milieu de Dotonbori à Osaka et goodies à gogo. J’en ai profité pour creuser un peu plus et me rendre compte que le réalisateur n’était autre que Dieu lui même et que la trame scénaristique semblait proposer son lot de surprises.
Je me suis donc empressé d’allé le voir en VOSA dès mon retour sur Singapour à la mi-mai. Il s’agissait d’une des dernières projections, ce qui en dit déjà long sur l'ampleur du phénomène et sur sa longévité en Asie.
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L'histoire utilise le match emblématique de fin du manga entre Shohoku High School et Sannoh Industry comme fil narratif. Cela signifie que les néophytes sont directement plongés dans un univers dont ils ne connaissent pas les tenants et les aboutissants. Heureusement pour eux, Inoue fournit progressivement le contexte et les enjeux de ce match afin que n’importe qui puisse comprendre l’intrigue dans sa globalité.
Autre parti pris intéressant, le film focalise d’avantage sur Miyagi Ryota - le joueur le plus rapide de l’équipe - que sur l’emblématique Sakuragi Hanamichi. L'histoire débute d’ailleurs sur un match en 1 contre 1 entre Miyagi Ryota petit et son grand frère, qui est la star de son équipe (vu dans le trailer).
Ne souhaitant pas spoiler les effets de surprise du film, je rajouterais simplement que le scénario est d’une intelligence insoupçonnée et qu’Inoue nous prouve une fois de plus qu’il est un conteur d’histoire incroyable.
Et pour les addicts aux spoils qui auraient besoin de leur dose…
L’alternance entre les scènes d’un match au sommet et les flashbacks captivants est l'un des points forts de ce film. Cette structure permet de comprendre comment les joueurs en sont arrivés là : leurs passés troublés, les défis et les entraînements qu'ils ont dû subir. Tous ces éléments contribuent à comprendre le dévouement des protagonistes à remporter la victoire. Cela les rend flamboyants et amplifie la confrontation finale.
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Le passage d’un style d’animation 2D traditionnel à un style 3D marque une rupture avec l’anime de 1993. Chacun aura son avis sur la question mais j’ai personnellement trouvé ce rendu bluffant car il donne l’impression que les modèles ont été dessinés par Inoue tout en apportant un dynamisme inégalé aux scènes d’action.
D’autant plus que l’on peut constater le travail d'orfèvre de l'auteur et de sa bande qui transforment régulièrement des passages en croquis crayonné afin de dynamiser un peu plus la scène et de rappeler les racines du film.
En rajoutant a cela un montage dynamique propre à la japanimation, on se retrouve avec des scènes très intenses: gros plan sur un visage, goutte de transpiration, dribble, accélération en crayonné, appel de balle, slow motion sur l’arc de la balle dans les airs, image fixe sur le personnage à la réception, et boom shakalaka !!!
Plus globalement, le rythme - qui est le coeur battant de ce film - est parfaitement dosé. On jongle constamment entre des scènes de basket intenses et des fragments de vie émouvants.
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Le film fait également un travail solide sur la compréhension du basket et sur sa représentation en terme d’animation. Les stratégies de jeu misent en place sont réalistes (pas d’attaque de la Tour Eiffel ici) et ont été analysées par des experts. Inoue aurait également fait appel a des joueurs professionnels pour reproduire les mouvements du jeu en utilisant la motion capture (1).
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Peu importe que vous soyez un fan de la première heure ou un nouveau venu, ce film possède toutes les qualités d’un chef-d’oeuvre : esthétisme au service de l’histoire, animation intransigeante et scénario intelligent et riche en rebondissement. Et si comme moi, vous n’avez pas spécialement d’affinité avec le basket, vous y trouverez tout de même chaussure à votre pied.
Alors peu importe qu'il mérite un 8 ou un 9, on est clairement dans le haut du panier ;)
(1) https://www.newsdirectory3.com/the-first-slam-dunk-overcomes-the-animated-film-based-on-a-manga-dilemma-real-sound-real-sound-film-section/