The Fits est avant tout un film de rituel : de la boxe à la danse jusqu'aux fameux « spasmes » du titres, Anna Rose Holmer met au cœur de son premier long-métrage des corps enfantins et adolescents dans des rituels répétitifs, aussi physiques que violent. En suivant la trajectoire de Toni, pré-ado mutique et sa transition du club de boxe de son frère aux Lionesses, groupe de danse drill qui répéte à l'étage du dessus et qui va rapidement voir ses membres prises de convulsions, The Fits dépasse la simple tranche de vie adolescente morne pour livrer un film beaucoup plus ambigu et intéressant. Tout en interrogeant des notions aussi complexes que le genre, le film ne sombre pour autant jamais dans la fable moralisatrice au message évident, et ce probablement grâce à son format particulier : il n'y a rien à jeter, ni rien à ajouter dans ces petites 72 minutes. Et c'est peut-être ce qu'il y'a ici de plus frappant, tant Holmer semble faire preuve d'une maîtrise ébouriffante, construisant minutieusement un récit taiseux mais dense et installant à la perfection une atmosphère particulière, où cohabitent des scènes relativement dérangeantes et de véritables moments de grâce. Au delà de ce talent de mise en scène évident, il est difficile de ne pas évoquer le travail sonore exceptionnel effectué, que ce soit dans sa bande-son dissonante et inquiétante ou un mixage millimétré renforçant encore un peu l'impact de scènes déjà brillantes. Si bon nombres de très bons premiers films portent déjà la marque d'un futur (potentiel) grand auteur, rare sont ceux qui, comme The Fits, font preuve d'une telle audace et frôlent de très près la perfection.
8 <3 /10