Nicholas Van Orton est un homme d'affaire brillant, obsédé par l'envie de réussir et habité par la suicide de son père, mort à 48 ans. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Nicholas, 48 ans, qui se voit offrir en guise de cadeau un mystérieux jeu aux règles aussi étranges qu'inconnues. De nature froide et distante, Nicholas devra rapidement prendre conscience des enjeux et s'impliquer durablement dans ce jeu aux allures moins innocentes que prévu, bienvenue dans The Game.
Fincher trouve avec « The Game » le scénario parfait à son style de réalisation, style basé sur l'identification d'un personnage en quête de lui même soumis à une situation qui le dépasse. Plus que le style, c'est un exercice de mise en scène qu'offre l'étonnante intrigue de ce film, étonnamment écrite pour Fincher et isolé de toute source d'inspiration.
Dans la lignée des personnages propre aux réalisations du cinéaste, Douglas joue le rôle d'un homme à la recherche d'identité, d'un vide à combler, et ce au plus profond d'une solitude dissimulée par un caractère hautain et orgueilleux. C'est là qu'intervient l'objectif supposé du « jeu » : offrir une expérience inoubliable, loin de toute routine inhérente à une vie sans risque, un exercice censé ouvrir les yeux à un candidat qui se refuse à le faire. Et c'est ce qu'offre Conrad Van Orton (discret Sean Penn) à son frère Nicholas en guise de cadeau d'anniversaire, un présent aux allures ludiques et divertissants, en apparence, car bien plus dangereux qu'il ne le laisserait croire..
C'est au sein même de ce doute que se joue la réussite de The Game, dans l'incompréhension et la désorientation totale provoquée par le manque d'informations de personnages qui n'en donnent pas, qui ne répondent pas aux questions, même les plus simples. Technique ô combien efficace et utilisée par Fincher pour installer le doute et la méfiance dans la tête du spectateur. Et le cinéaste en joue constamment, une véritable mise en abime dans la peau de son personnage (immense Michael Douglas) dont on partage la peur, la suspicion et le besoin constant d'en savoir plus, obsédé par l'envie de comprendre ce qu'est « The Game ».
Fincher y tire surtout une atmosphère, lugubre, voir malsaine, qui nous plonge dans l'interrogation la plus totale. Au-delà des qualités évidentes du cinéaste, il est tout de même amusant de constater le bordel de cet improbable scénario, les différentes situations vécues par Van Orton peuvent souvent sembler exagérées, car on constate avec recul du caractère ubuesque de la situation dans lequel se trouve Michael Douglass, une prise de conscience générale qui amène le trouble ou le rire gêné, c'est selon. Le coup de théâtre finale, au même titre, ne mettra pas tout le monde d'accord et n'échappera pas aux critiques de ceux qui n'adhérons pas à l'histoire, mais la prise de risque scénaristique vaut à elle seule le détour.
Qu'es donc The Game en définitive ? C'est un thriller paranoïaque de grande qualité où se mêle suspicions, interrogations et doutes au sein d'une mise en scène inspirée, très fincherienne, et attachée à perdre le spectateur dans les méandres d'un scénario brumeux à la résolution magnifique, game over.