Après le navet Argylle, Apple TV revient avec un film qui aurait bien plus mérité sa place sur grand écran. Même si The Gorge chute et s’essouffle peu à peu, il brille par sa technique et son originalité. Néanmoins, son incapacité à choisir entre une romance peu subtile et un survival angoissant entache le résultat.
The Gorge est un film fun qui se distingue par son concept : opposer deux agents, chacun d’un côté d’un gouffre, chargés de surveiller les mystères qui s’y déroulent.
L’univers visuel est très attrayant, le décor est planté efficacement et l’esthétique du film est vraiment réussie.
Malheureusement, après un début convaincant, le ton change rapidement au moment d’aborder la romance entre les deux personnages. Je trouve qu’elle survient trop vite et qu’elle manque de sensibilité. La communication uniquement visuelle d’une tour à l’autre est cruellement romantique et propice à une multitude d’idées créatives de mise en scène. Or, le réalisateur ne l’exploite que trop peu, préférant insérer des scènes balourdes où il surfe sur les précédents succès de ses acteurs en les faisant jouer aux échecs et à la batterie (Le Jeu de la dame et Whiplash). Le film manque de finesse et la romance apparaît comme superficielle.
De plus, le lieu présenté est très intrigant et mystérieux. C’est en observant leur quotidien dans ces deux tours et en imaginant le mystère au fond du ravin que le film fonctionne le mieux. Or, il est regrettable de ne pas avoir fait durer le suspense autour des créatures que l’on trouve au fond du gouffre.
En effet, on apprend très rapidement qu’il y a, globalement, toute la famille de Groot qui réside au fond de la gorge.
Cette phase de jeu avec le décor est bien trop brève, et Scott Derrickson perd ensuite la cohérence et la singularité de son récit.
Malgré tout, c’est un film audacieux qui varie les registres, offrant aussi bien des scènes romantiques que des séquences d’action impressionnantes. Il oscille aisément entre la Saint-Valentin et Halloween, plongeant le spectateur dans une certaine angoisse par moments.
The Gorge est bien rythmé et a de réelles qualités, mais il pâtit de certains choix racoleurs ainsi que d’une paresse scénaristique. Miles Teller et Anya Taylor-Joy n’ont plus rien à prouver, mais ils démontrent une fois de plus leur talent. Même en incarnant des protagonistes plutôt creux dans des scènes aux dialogues très médiocres et aux allures de vaudeville, ils parviennent à donner une vraie consistance au film.
En bref, c’est un film fun et plaisant à regarder. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est sympatoche.