C’est fou comment certains auteurs savent nous refiler sans cesse la même chose tout en étant perpétuellement inventif et original... Parce que oui, c’est peu dire que ce « Grand Budapest Hotel » est un pur Wes Anderson tant il est dans la droite lignée de tout ce qu’il a pu être fait précédemment. Et le pire, c’est que moi d’habitude, ça me gonfle qu’on me resserve tout le temps la même chose. D’ailleurs, je le reconnais, j’étais loin d’être convaincu par le premier quart d’heure du film durant lequel je commençais à checker ma liste de wesandersonneries ambulantes : le plateau de tournage « maison de poupées » ; le personnage principal faux mais tellement sympathique ; la même galerie de personnages secondaires qu’on retrouve dans tooooous ses films ; les petites absurdités de ci de là ; le petit rythme cartoon que prend certaines scènes... Tout y est. Il n’y a pas un élément du film que je n’ai pas eu l’impression d’avoir déjà vu dans « la famille Tenenbaum », « Fantastic Mr. Fox », « Darjeeling Limited » ou un autre film de Wes Anderson. Et pourtant... Et pourtant voilà... Je trouve que chaque plan est magnifique, chaque scène a cette petite absurdité qui me fait sourire, chaque personnage reste au fond éminemment attachant... Certes la mécanique est connue, mais elle est ce coup-ci au service d’un univers nouveau, totalement fantasmé, composé d’un paquet d’images d’Epinal liées au début des années 1930 et à l’Europe centrale. Cet univers est si riche et l’enchaînement des différents trips est si dynamique que finalement cet univers – une fois de plus ! – m’a emporté. Alors certes, je ne le cache pas, si Wes Anderson n’est pas votre tasse de thé, il est évident que ce n’est pas ce « Grand Budapest Hotel » qui vous réconciliera avec lui. Mais bon, par contre, les aficionados devraient être ravis... En tout cas moi, j’en ai encore la banane...