‘Moonrise Kingdom’ était une œuvre à la splendeur candide, où les environnements colorés épousaient la mise en scène si particulière de Wes Anderson, pour offrir un film d’aventure forme d’ode à l’enfance. Avec ‘The Grand Budapest Hotel’, le réalisateur s’essaie à des thèmes plus sombres, et offre un film passionnant, sans pour autant égaler la réussite de son prédécesseur.

Le réalisateur n’a pas perdu sa capacité à mettre en scène des personnages loufoques dans des situations à peine plus réalistes. M Gustave (incarné par Ralph Fiennes en très grande forme), pourrait porter l’œuvre sur ses seules épaules. Parfaite alchimie entre raffinement, excentrisme et ridicule, le personnage est irrésistible, et le duo qu’il forme avec le lobby-boy Zero est très réussi.

D’ailleurs, fort de sa reconnaissance grandissante, Wes Anderson a fait appel à un casting phénoménal : Jude Law, Bill Muray, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Edward Norton, Léa Seydoux, etc. Il est très plaisant de découvrir ces célébrités dans les rôles décalés du réalisateur, même si on finira par regretter que certains acteurs n’aient pas de rôle plus important, et que le clin d’œil nous laisse alors sur notre faim.

Toutefois, il est indéniable que Wes Anderson possède un don pour la mise en scène. Jonglant avec des travellings et des angles de vue surprenants, n’hésitant pas à insérer des environnements miniatures en carton, le tout en faisant preuve d’une méticulosité saisissante dans le cadrage : sa réalisation en fait une expérience de visionnage passionnante. C’est à peine si l’on peut se prendre de nostalgie et repensant aux couleurs plus accueillantes de ces œuvres précédentes.

En outre, le film ne souffre d’aucune longueur. La mise en scène impose un certain rythme au récit, et certaines séquences sont même accélérées. Mais c’est évidemment l’humour de l’œuvre qui en fait un film particulièrement plaisant, puisqu’on nous sert très finement une palette de réactions absurdes (le délit de fuite de M. Gustave), de comiques de situation, de piques amusantes et de personnages loufoques.

On pourrait cependant reprocher à Wes Anderson d’être trop évident dans sa manière d’étoffer son panel de genre en touchant à des sujets plus sombres. La maturité que le réalisateur cherche à apporter à son œuvre apparaît déjà dans sa narration, puisque c’est à travers deux niveaux d’imbrications de récit dans le récit que le film s’ouvre. Le procédé peut sembler légèrement tape à l’œil, d’autant que le personnage de l’auteur n’apporte pas grand-chose au récit. Dans le même esprit, on s’étonnera du nombre de cadavres montrés à l’écran, et certaines scènes de mauvais goût auraient pu être épargnées au spectateur (les doigts et la tête coupés).

Du très bon Wes Anderson, entre aventure loufoque, humour décalé et réalisation inspirée.
Kroakkroqgar
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le 9 juin 2014

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