Wes Anderson fait partie de ces cinéastes qui ne se contentent pas de raconter des histoires touchantes, farfelues ou rocambolesques ; il y ajoute un style unique, une mise en scène que lui seul développe. C'est grâce à ce sens du cadre, cette juxtaposition des plans fixes de face et de travellings kubrickiens, qu'il parvient toujours à impulser à ses histoires, pourtant irréalistes, une profondeur rarement égalée.
Toutefois, The Grand Budapest Hotel rompt avec ses précédents films en ce qu'il est, premièrement, ancré dans une perspective historique beaucoup mieux située : l'entre-deux-guerres. Contrairement à ses précédents longs-métrages, Wes Anderson distille ici une parabole évidente, celle de la montée du nazisme en Europe centrale. D'ailleurs, cette Europe centrale coule dans chaque plan en extérieur : rues pavées et nappées de brouillard d'où émergent, comme des nymphes, quelques lampadaires ; atmosphère brumeuse d'un romantisme pragois (bien que l'action se déroule dans une contrée inventée, on reconnaît les rues des plus beaux villages et des plus belles cités de l'Est)...
Et que dire de cette histoire, douce, drôle, hilarante parfois, pétillante souvent, saupoudrée d'un jeu d'acteurs transcendant (pince-sans-rire et incroyable Ralph Fiennes !)... On ressort de ce film avec de la légèreté dans le cœur et beaucoup d'admiration pour un travail gigantesque, le délire d'un adulte qui sait utiliser le Septième Art avec justesse et originalité pour divertir avant tout, faire réfléchir ensuite. Une pépite.
loeildepoups
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le 8 mars 2015

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