Un portrait du chevalier errant, son visage entouré d’étoiles; une plongée dans un lac dont l’eau tourne rouge avant de laisser apparaître des astres… The Green Knight est porté par la dualité ciel/terre, supra- et sublunaire comme support de l’opposition entre le fantasme (le récit) et la réalité (la triste banalité de l’existence).
Gauvain partira donc à la recherche d’une histoire, d’une épopée dont il sera le héros.
Si le “Green Knight” du film représente la terre et la nature, Lowery choisi de ne pas le représenter comme quelque chose de beau et d'appaisant mais comme une pourriture qui s’étend, qui détruit tout sur son passage, et qui va dévorer le protagoniste comme l’obsession de la mort imminente dont les sons et l’imagerie remplissent le film.
Il y a peu de plans du film qui ne disposent pas d’une immense puissance d’évocation. Le travail esthétique est indéniable et on ne peut reprocher à Lowery d’avoir été trop fauché et d’avoir dû, dans le premier tiers du film, recourir à un éclairage très “Game of Thrones” pour masquer son manque de moyens. Pour autant, le travail de la langue est superbe et la musicalité du texte fait le travail de l’immersion esthétique avant que le récit ne décolle vers des scènes à la fois captivantes et hypnotiques.
Avec sa caméra qui tourne autour du personnage, son inversion constante du haut et du bas, son récit qui oscille entre mensonge et réalité, Green Knight interroge notre rapport au récit et offre au cinéma fantastique un modèle de spectacle à la fois radical et passionnant. Et voilà, j’ai envie de le revoir maintenant…