Avec The Host, au titre ironique, Bong Joon Ho revitalise le film de monstre et de pandémie (aux échos si contemporains...), s'emparant à merveille de ces genres surcodés, tout en réussissant à les doubler d'une drôle de saga familiale.
En peuplant son film de personnages aussi grotesques qu'attachants, et réalisant d'audacieux sauts dans les tons et les genres, le génie coréen donne en fait la parole à la Corée de celles et ceux qu'on n'écoute et qu'on ne voit pas.
La Corée de ceux qui vivent sous les ponts, des hors-système, des prolétaires, des opprimés.
La Corée de ceux qui pratiquent le seo-ri, le vol toléré, le glanage.
Derrière le film catastrophe, qui fait autant peur que rire, pointe alors, dans un ballet sublimement orchestré, la fable écologique et politique, poisseuse, morbide, délicieusement mordante et sans aucune règle que celles qu'elle se donne.
Donnant, l'air de rien, la recette d'une bonne révolution.