Je me souviendrais longtemps de cette séance où j'eu l'impression de vivre un cauchemar fiévreux de bambin et qu'à une place de moi sur la droite un gars était en train de taper la plus grande sieste possible, limite avec le pompon du bonnet de nuit pendouillant devant ses paupières et la bulle de morve au bout du nez. Je pense que l'on ne peut pas beaucoup mieux schématiser la polarité intense des réactions face à ce film.


Avant Skinamarink, Kyle Edward Ball réalisait depuis quelque temps sur internet des courtes (et moins courtes) vidéos mettant en scène des cauchemars que diverses personnes lui envoyaient. Il s'en est inspiré pour faire un long-métrage . Et pour peu que l'on soit sensible à cette proposition, quelle ambiance, quelle terreur.


On se retrouve à nouveau enfant accompagné de notre frère/soeur, dans une maison plongé dans l'obscurité, avec ce voile d'innocence et d'ignorance qui floutent notre compréhension du réel. Qu'est-ce qu'un foyer, la sécurité qu'il procure, par son agencement, les gens qui l'occupent, la lumière en son sein. Sans bien évidemment la capacité de complétement conceptualiser ces éléments, mais bien de ressentir leur importance d'autant plus lorsqu'ils disparaissent, ou pire.


Les minutes sont longues dans ses décors simplistes et constamment non-focalisés sur ce qu'il se passe. On se met à deviner. L'imaginaire s'anime mais ne connait pas d'envolée vers un foisonnement d'horreur qui sature les sens pour induire la panique. On constate que les portes et fenêtres ont disparus, on entend sa mère que l'on croyait partie nous appeler à l'étage, une voie sort de l'obscurité et s'adresse à nous, un jouet est comme fixé au plafond, le dessin animé semble comme figé sur la télévision. Décrit ainsi ces éléments n'ont pas la superbe que le film leur donne en les faisant co-exister dans son décor ainsi que la lente agonie qu'est le découlement d'événement pertubateur qui va venir agiter là nuit.


J'ai profondément ressenti la grande vulnérabilité face à la compréhension d'un danger omnipotent et latent mis face à la candeur d'un enfant . Ils ne peuvent rien faire et on le sait, et de toute façon il n'y a rien à faire. Ainsi le récit s'enfonce vers une conclusion terrible et nous laisse à nouveau dans le noir.


On peut interpréter le tout en y voyant les enfants comme dommage collatéraux dans un foyer qui se délite par la perte d'amour, la tromperie, le deuil, enfin pas mal ce que l'on veut, on s'en fout c'est le résultat qui compte. Et le résultat ce sont ses 1h40 de film qui en paraissent beaucoup plus, et pour ce que cherche à faire le film, c'est un compliment.


Ce voyage vers nos premières nuit cauchemardesque touche pour moi à une forme de l'universel. Je me souviendrais longtemps du film et plus jamais je n'oublierais ce qu'il m'a rappelé pendant cette séance.

Mammarragan
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films et Films Horreur

Créée

le 26 janv. 2024

Critique lue 15 fois

Mammarragan

Écrit par

Critique lue 15 fois

D'autres avis sur The House

The House
RENGER
1

Une branlette filmique lénifiante, filmée avec le cul et où l'on s'emmerde prodigieusement.

Cette petite production (15 milles $) est un enfumage total. Pour son premier long-métrage, Kyle Edward Ball réalise une branlette filmique qui se gargarise en filmant de la merde sous prétexte de...

le 3 août 2023

17 j'aime

5

The House
LordRomeo
9

Cauchemar éveillé et peur primordiale

Skinamarink est un long cauchemar fiévreux jouant avec les peurs primordiales animant ou ayant animé chacun d'entre nous. On est transposé dans les souliers de 2 enfants, on voit le monde à travers...

le 12 déc. 2022

17 j'aime

2

The House
chamsz
1

Mais quelle horreur ?

Si j'avais une vraie vie, je pense que je considèrerais avoir perdu 1 h 40 de celle-ci, mais je vais juste appeler ça un vendredi soir. Je vais devoir entièrement reconsidérer mon échelle de valeur...

le 29 juil. 2023

15 j'aime

3

Du même critique

Red Dead Redemption II
Mammarragan
8

So long Partner

Je n’ai jamais été très fan de l’ambiance western créée par Rockstar. Jamais joué à Red Dead Revolver, très rapidement à Redemption, et plus en tant que défouloir sur Undead Nightmare. Et pourtant,...

le 13 nov. 2018

6 j'aime

Polar
Mammarragan
6

Mads Mikkelsen est dans un meilleur film que nous

Tueur à gages hors pair proche de la retrait, Duncan alias "Black Kaiser" est pourchassé par son employeur qui cherche à l'éliminer pour ne pas lui payer sa retraite. Les rôles vont s'inverser sur...

le 5 févr. 2019

2 j'aime

3

L'Incal, intégrale
Mammarragan
10

L'échappée dichotomique du songe

L'Incal nous relate l'histoire de John Difool, détective de bas étage qui se retrouve mêlé à une intrication de complot politique et mystique visant à modeler l'univers entre la lumière et les...

le 15 août 2024

1 j'aime