The Housemaid (2010) - 하녀 / 106 min.
Réalisateur : Im Sang-Soo - 임상수
Acteurs : Jeon Do-Yeon - 전도연 ; Lee Jung-Jae - 이정재 ; Seo Woo - 서우 ; Youn Yeo-Jeong - 윤여정 ; Park Ji-Yeong -박지.
Mots-clefs : Corée ; Drame ; Société.
Le pitch :
Euny (Jeon Do-Yeon) est engagée comme aide-gouvernante dans une riche maison bourgeoise. Hoon (Lee Jung-Jae), le maître de maison à qui rien ne résiste la prend pour maîtresse. La vie de toute la maison va alors basculer.
Premières impressions :
Remake du film culte La Servante (1960) de Kim Ki-Yeong, The Housemaid est pensé comme une relecture du film original à notre époque où les Chaebols (grands groupes industriels coréens) dominent la société. Im Sang-Soo (Girls' Night Out, Une femme coréenne, L'ivresse de l'argent) cherche alors à poursuivre l'oeuvre de Kim Ki-Yeong qui avait lui même tourné deux remake du film original (La femme de feu en 1971 et La Femme de feu 82 en 1982), afin de montrer l'évolution de la société atour de la notion de l'infidélité.
Cependant, Im sang-soo inverse totalement les rôles des protagonistes. Dans le film original, c'était la domestique qui apportait le malheur en séduisant le mari de la maison. Le film avait fait scandale, le personnage avait été détesté des ménagères coréennes, l'actrice n'avait jamais pu tourner le moindre autre film. Dans le remake, la servante subit un traitement avilissant, jusqu'à subir le droit de cuissage du maitre de maison. Ce n'est pas elle qui introduit les mœurs légères, ils sont déjà bien présents.
Si je comprends qu'Im Sang-Soo a voulu critiquer vivement la haute société coréenne qui pense avoir tous les droits*, mettre en avant la scission existante entre les puissants et les petites gens, son film est hélas trop mauvais pour pouvoir atteindre son but. Alors qu'il était facile en 1960 de s'identifier au père de famille, professeur de piano de son état, en 2010 il nous est très difficile de nous identifier à la servante Euny pour plusieurs raisons. D'une part, le personnage manque de puissance, de background. De plus, la réalisation place la caméra toujours très loin du personnage, l'immensité de la maison bourgeoise devient une distance. Enfin, le jeu, le jeu de tous les acteurs est particulièrement mauvais. Seule la vieille gouvernante (Youn Yeo-Jeong ) s'en sort. Alors que j'ai beaucoup apprécié Lee Jung-Jae dans New World ou dans Assassination, il m'a semblé totalement hors du rôle, incapable de jouer le fils (de pute) à papa. Jeon Do-Yeon (Secret Sunshine, The Shameless) ne transmet aucune émotion à son personnage de servante.
L'explication a une telle débandade chez ces acteurs très connu s'explique pourtant facilement en voyant le making-of : aucun acteur n'a aimé son personnage. Tous ont accepté ce film car Im Sang-Soo le réalisait en voulant rendre hommage à Kim Ki-yeong. L'inexplicable tient également dans le fait qu'Im Sang-Soo semble régulièrement avoir gardé des prises que les acteurs eux-mêmes ne trouvaient pas bonnes. Je crois qu'aucun des acteurs n'a pu rentrer dans son rôle. Est-ce une question de calendrier ou d'avoir tourné les scènes dans le désordre, je ne sais pas mais le résultat est particulièrement décevant. Im Sang-Soo s'est d'ailleurs tellement planté qu'il a réalisé ensuite "L'ivresse de l'argent", sorte de suite officieuse, bien mieux réalisée, beaucoup plus juste, qui critique également vivement les puissants.
Pour conclure, trop long, mal joué et avec des personnages faibles, The housemaid n'est pas vraiment un film que je recommande. Son seul intérêt est qu'il permet de remettre le film original en perspective.
*Il y a régulièrement des scandales comme celui de la fille du patron d'Air Korea qui avait fait détourner un avion de ligne parce qu'elle trouvait ses pickles mal présentées.