Un conseil : NE LISEZ PAS LE 'PITCH' de SC !
La force de The Informer réside en effet dans l'intérêt croissant que le spectateur porte au héros du film (Joel Kinnaman), personnage fadasse au départ mais auquel on ne manque pas de s'identifier au fur et à mesure que le récit avance et que sont révélés son passé, sa situation, ses options...
On ne sait donc pas d'emblée qui est Pete Koslow, ce qu'il fait et pourquoi il le fait. La découverte est progressive et plus l'intrigue prend corps, plus on se sent concerné... et inquiet pour Koslow,
loin de s'attendre au sort que le FBI peut réserver au taulard qui a accepté de jouer les balances.
Cette façon de distiller l'information et de dérouter s'exerce dès le début : un homme musculeux recouvert de tatouages est assis dans sa cuisine ; il semble préparer un mauvais coup avec un collègue peu recommandable ; l'instant d'après
le voilà tout tendresse avec sa fillette descendue le voir.
Le réalisateur-acteur Andrea Di Stefano construit son récit parcimonieusement, sans esbroufe, épaississant savamment l'atmosphère et l'étau qui enserre irrémédiablement Koslow (le côté ingénu de Kinnaman convient parfaitement pour le rôle). De ce point de vue, le face à face avec le patron de la mafia polonaise (Eugene Lipinski, sinistre en diable) est une scène particulièrement réussie.
How much are the lives of your wife and daughter worth to you ?
Quelques mots sur l'aspect le plus discutable du film, à savoir son allégeance flagorneuse à la tendance de l'époque : les "minorités" y sont toutes sympathiques, alors que le vice est intégralement incarné par des "mâles blancs".
En prison, c'est même, de façon très improbable, un Noir qui signifie à Koslow que sa mort est imminente, et qui donc, ce faisant, lui sauve la peau.
Quant à son évasion, si elle rappelle fortement celle d'Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux, voyons-y, presque 30 ans après, comme un hommage, un clin d'œil, bien plus qu'un plagiat.
Passons... Ce maladroit saupoudrage de "bienveillance" est un détail indolore qui ne saurait projeter la moindre ombre sur les qualités de cet Informer, puissant gaillard devenu pourtant fragile jouet entre les griffes de diverses organisations (qu'elles soient au service de la Justice ou du Crime).
Un polar sensible qui ne vous lâche pas.