The Innocents est le 2e long-métrage réalisé par le Norvégien Eskil Vogt, 8 ans après le thriller malin Blind (2014). Le cinéaste est aussi et surtout connu pour être le scénariste de plusieurs films de son compatriote Joachim Trier, notamment le récent et remarqué à Cannes Julie en 12 chapitres (2021), mais aussi Oslo, 31 Août (2011) et Thelma (2017).
Le film se déroule un été, dans une cité. Quatre enfants se découvrent d’étonnants pouvoirs et jouent à tester leurs limites, loin du regard des adultes. Mais ce qui semblait être un jeu d’enfants, prend peu à peu une tournure inquiétante...
Le film a été présenté dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2021. Il était également en compétition fin janvier au festival international du film fantastique de Gérardmer 2022. Il y a été récompensé du prix de la critique et du prix du public.
Faire de la figure de l'innocence, l'enfant, le mal incarné. Un exercice périlleux dont les exemples réussis ne sont pas si nombreux : on peut citer notamment Carrie (1977) de Brian de Palma, Le Village des Damnés (1995) de John Carpenter ou Esther (2009) de Jaume Collet-Serra. Il faudra sans aucun doute compter aussi sur la bande des quatre de The Innocents.
Nous sommes dans une cité HLM non loin d'Oslo où s'installent deux soeurs avec leurs parents. L'une est atteinte d'autisme. Avec un jeune garçon rejeté des autres et une fille curieuse et joueuse, ils vont se découvrir des étonnantes capacités surnaturelles, entre télékinésie et contrôle des adultes. Et si, comme le veut l'adage bien connu d'un certain oncle de l'homme araignée, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, encore faut-il qu'il soit maîtrisé par des petits en manque de repères.
Le postulat peut rappeler le réussi Chronicle (2012). Mais The Innocents surprend et se distingue par sa capacité de froideur et une maîtrise constante de la mise en scène. Ne vous attendez pas à un film de super héros en culottes courtes avec une surenchère d'effets visuels : Eskil Vogt mise davantage sur un minimalisme bienvenu et sur l'importance de la psyché de ses jeunes personnages (brillamment incarnés par les jeunes acteurs).
Le tout donne au métrage une atmosphère fantastique et angoissante de bout en bout, plongeant le spectateur dans une surenchère de sentiments contradictoires et le forçant à s'interroger sur la nature humaine, sa violence intrinsèque et sa cruauté. Brillant.