"The Intruder" est une jolie triple surprise. Premièrement, car ce drame social est réalisé par Roger Corman, que l'on connait plutôt pour ses films d'horreur. Il tente ici un virage très inhabituel, qui sera d'ailleurs l'un de ses rares échecs financiers...
Deuxièmement, car le film retourne le concept habituel des films anti-racistes. Ici, il ne s'agit pas d'un progressiste ou d'un militant pour les droits civiques qui débarque dans un Sud simili-esclavagiste. Au contraire, l'action se déroule dans une petite ville sudiste où la loi dicte que désormais, les Noirs peuvent fréquenter les écoles des Blancs. C'est un étranger, lobbyiste pour un groupe conservateur, qui va semer la zizanie en plantant des graines de haine et de violence auprès d'une population qui avait intégré à contrecœur cette nouvelle loi.
Troisièmement, car le scénario est d'une redoutable modernité. En effet le sujet n'est pas vraiment le racisme inhérent à certains Etats du Sud (surtout à l'époque). Mais plutôt le danger du populisme. Ou comment un nouveau venu, immaculé, élégant, charmant, bon orateur, va parvenir à séduire voire manipuler une population dont il a compris les frustrations et les envies. Un fond qui résonne complètement avec les politiques démagogiques des années 2010 (l'assaut du Capitole n'est pas loin !).
La mise en scène est plutôt inspirée, avec quelques scènes fortes. Tandis que William Shatner (avant la série "Star Trek") se montre flamboyant dans le rôle de l'antagoniste. Mais c'est l'écriture pertinente que l'on retiendra de ce drame malheureusement toujours très pertinent.